Sous-emploi, exclusion sociale et menace: le monde de 2017

16 janvier 2017

Selon le rapport Global Risks 2017 du Forum économique mondial, les inégalités économiques, la polarisation sociale et la hausse des risques environnementaux constituent les trois principales tendances de ces prochaines années et auront un fort impact sur les évolutions mondiales de la décennie à venir. Les dirigeants mondiaux doivent mener des actions concertées de toute urgence pour éviter que nos sociétés ne connaissent davantage de difficultés et d’instabilité dans les années à venir. Pour ce dernier rapport annuel, quelque 750 experts ont analysé 30 risques mondiaux ainsi que 13 tendances sous-jacentes qui pourraient les amplifier ou modifier leurs interactions. Dans le contexte actuel de désaffection politique et d’instabilité mondiale, trois constats principaux ressortent de cette étude.

Certaines tendances persistent. Les inégalités croissantes de revenus et de richesse et la polarisation croissante des sociétés ont été classées respectivement première et troisième parmi les tendances sous-jacentes qui détermineront les évolutions mondiales des dix prochaines années. De même, les risques les plus étroitement liés qui ressortent de cette étude sont le fort chômage ou sous-emploi structurel et l’instabilité sociale grandissante.

L’environnement domine le paysage des risques mondiaux. Le réchauffement climatique était la deuxième tendance sous-jacente cette année. Et, pour la première fois, l’ensemble des risques environnementaux de l’étude ont été classés dans la catégorie « très élevée » et « très probable », avec en première ligne les événements climatiques extrêmes, en tant que principal risque pour le monde.

La société n’évolue pas au même rythme que les changements technologiques. Parmi les douze technologies émergentes analysées dans le rapport, les experts ont conclu que l’intelligence artificielle et la robotique présentaient à la fois le plus d’avantages et d’effets négatifs potentiels, d’où le besoin de superviser la mise en place de ces nouvelles technologies.

Bien que le monde ait montré des signes positifs au sujet du réchauffement climatique en 2016, avec la ratification par un certain nombre de pays, notamment les États-Unis et la Chine, de l’Accord de Paris, les changements politiques qui s’opèrent en Europe et en Amérique du Nord les mettent en péril. Le rapport souligne également la difficulté pour les dirigeants de se mettre d’accord sur la marche à suivre au niveau international pour s’attaquer aux problèmes économiques et sociétaux les plus urgents.

« Des mesures doivent être prises de toute urgence par les dirigeants pour surmonter les différences politiques ou idéologiques et travailler ensemble afin de résoudre les principaux problèmes. L’élan de 2016 pour lutter contre le réchauffement climatique montre que c’est possible et laisse espérer que d’autres mesures collectives seront prises au niveau international pour réduire d’autres risques », a déclaré Margareta Drzeniek-Hanouz, Directrice du réseau de la compétitivité mondiale du Forum économique mondial.

Pour une politique réactive et responsable

Du 17 au 20 janvier 201, les risques mondiaux les plus urgents seront abordés lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial intitulée ‘Pour une politique réactive et responsable’.

De 2016, nous nous souviendrons principalement des résultats électoraux spectaculaires qui ont déjoué tous les pronostics. Toutefois, depuis une dizaine d’années, les différents Rapports sur les risques mondiaux faisaient déjà état d’une montée continue des problèmes économiques et sociaux qui risquaient d’entraîner de réels déséquilibres à l’échelle mondiale.

-En 2006, le Rapport sur les risques mondiaux mettait en garde contre une baisse de la cohésion sociale liée à l’élimination de la vie privée. À l’époque, ce risque était classé parmi les scénarios catastrophes, avec moins d’un pour cent de probabilité.

-En 2013, bien avant que le « post-factuel » ne devienne le mot de l’année 2016, le Rapport sur les risques mondiaux avait mis en évidence le phénomène de désinformation rapide, constatant une fragilisation de la confiance au sein de la population et le besoin de mieux protéger nos systèmes de contrôle-qualité.

Les transitions complexes que connaît le monde à l’heure actuelle − préparation d’un avenir à faibles émissions de carbone, évolutions technologiques sans précédent et nécessité de s’adapter à de nouvelles réalités économiques et géopolitiques mondiales − montrent bien qu’il est nécessaire pour les dirigeants d’avoir une vision à long terme, tant sur le plan des investissements que de la coopération internationale.

«Nous vivons à une époque marquée par la rupture, où le progrès technique est également source de défis. Sans une structure de gouvernance adéquate et une mise à niveau des compétences des salariés, la technologie fera disparaître les emplois plus rapidement qu’elles n’en créera. Les gouvernements ne peuvent plus assurer des niveaux historiques de protection sociale; un discours contestataire a vu le jour, avec de nouvelles personnalités politiques de premier plan accusant la mondialisation d’être à l’origine des défis sociétaux. Ceci crée un cercle vicieux dans lequel un recul de la croissance économique ne fera qu’amplifier les inégalités. La coopération est donc essentielle pour éviter que les finances publiques ne se dégradent encore plus et que les troubles sociaux ne s’intensifient», a déclaré Cecilia Reyes, directrice de la gestion des risques de Zurich Insurance Group.

Intelligence artificielle et robotique, vecteurs de risques économiques, géopolitiques et technologiques

La propension de la quatrième révolution industrielle à aggraver les risques mondiaux a également fait l’objet d’examens attentifs dans l’enquête sur la perception des risques mondiaux du rapport. Les experts ont basé leur analyse sur 12 technologies émergentes différentes et ont clairement présenté l’intelligence artificielle et la robotique comme présentant le plus grand nombre de conséquences négatives potentielles et comme nécessitant le plus une gouvernance meilleure et plus efficace. Malgré l’impact positif que ces technologies peuvent avoir sur la croissance économique et la résolution de problèmes complexes, elles sont également considérées comme les plus grands vecteurs de risques économiques, géopolitiques et technologiques par les experts.

John Drzik, Président des groupes mondiaux d’expertise et de gestion des risques, chez Marsh, a déclaré:« L’intelligence artificielle peut apporter des avantages spectaculaires dans une gamme de secteurs allant de l’industrie et du transport jusqu’aux services financiers et à la santé. Cependant, le recours accru à l’IA créera de nouvelles menaces et amplifiera les menaces existantes telles les risques cyber et l’instabilité sociale, et rendra absolument essentiel le développement de la gouvernance du risque en parallèle.»

Pour la troisième année consécutive, le rapport Global Risks fournit également des données nationales sur la façon dont les entreprises perçoivent les risques mondiaux dans leurs pays.

Le rapport Global Risks a été réalisé avec le soutien de partenaires stratégiques Marsh & McLennan Companies et Zurich Insurance Group. Il a également bénéficié de la collaboration de conseillers universitaires : la Oxford Martin School (Université d’Oxford), l’Université nationale de Singapour, le Wharton Risk Management and Decision Processes Center (University de Pennsylvanie) et le conseil consultatif du rapport Global Risks.

Source : Forum économique mondial

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