Les tensions systémiques que subissent les banques et les émetteurs souverains de la zone euro se sont encore atténuées, revenant à des niveaux observés avant le démarrage de la crise financière mondiale en 2007, selon la dernière Revue de stabilité financière (Financial Stability Review) de la Banque centrale européenne (BCE) qui vient d’être publiée.
L’ambiance globalement effervescente des marchés financiers contraste avec une reprise économique faible, fragile et inégale, en dépit des progrès réalisés pour remédier aux vulnérabilités des banques et des émetteurs souverains. En particulier, la production de crédit bancaire reste faible, en dépit du soutien exceptionnel apporté par la BCE, et ce, en raison d’une faible demande conjuguée à des critères d’octroi défavorables dans certains secteurs de l’économie, à même de décourager l’emprunt et l’investissement.
Dans le même temps, le redressement des bilans se poursuit dans la zone euro. Les banques ont renforcé leurs bilans, en partie au moins sous l’effet de l’évaluation complète de la BCE. En revanche, les efforts en vue de rétablir des finances publiques saines demeurent inégaux et inachevés.
Ces séquelles nécessitant un redressement des bilans, conjuguées à des risques émergents se manifestant par la persistance d’une quête de rendement à l’échelle mondiale, font apparaître trois risques principaux pour la stabilité financière au cours des dix-huit prochains mois, susceptibles de se renforcer mutuellement s’ils devaient se matérialiser.
-Le risque d’une inversion brutale de la quête de rendement à l’échelle mondiale, amplifiée par des poches d’illiquidité, avec des signes de recours croissant à l’effet de levier dans le secteur financier non bancaire. Les efforts doivent donc être poursuivis afin d’améliorer la surveillance des activités bancaires «parallèles» (shadow banking) ainsi que les outils permettant de remédier aux risques qui y sont associés.
-Le risque de la persistance d’une faible rentabilité bancaire dans un contexte de reprise macroéconomique atone, fragile et inégale.
-Le risque d’une résurgence des préoccupations concernant la soutenabilité de la dette, compte tenu de la faible croissance nominale et de l’essoufflement de la détermination politique à mettre en œuvre des réformes budgétaires et structurelles.