Nous traversons une économie indécise
Chaque jour qui passe depuis 2008 me conforte dans la conviction que nous longeons des falaises d’immenses changements sociétaux. Je ne parle pas d’économie. Je parle d’économie politique, d’engagement idéologique, de configurations sociétales, de ruptures structurelles de l’économie, d’émergence de forces nouvelles, dont certaines sont favorables et d’autres funestes.
Depuis six ans, nous traversons un basculement de paramètres que nous considérions, à tort, comme stables. La monnaie, les dettes publiques, le bouleversement technologique, les polarités de croissance géopolitiques se sont modifiées. La croissance s’enfuit de nos contrées, alors que nous avions cru, depuis 40 ans, que l’Etat servirait de relais de prospérité à une adaptation de nos économies que nous avons réfutées. Le monde de demain est dangereux.
Il est dangereux parce que l’ordre social risque d’être perturbé par l’absence d’échappée vers le futur. Il est inquiétant car la mondialisation n’est une immense oscillation que personne n’arrive à stabiliser. Il est anxiogène car il nous confronte à nos propres faiblesses. Il est menaçant car la complaisance et l’attentisme ne sont plus autorisés. Il est décevant car certains hommes politiques sont indéniablement dépassés par des variations qui leur échappent. Il est désuet car les entreprises dominent les États, ce qui est une situation opposée à la perception que nous en avions. Il est hasardeux car les leçons du passé sont toujours oubliées et que l’apaisement social et humaniste est toujours réfuté par quelques aventuriers.
Je crois que le rôle de l’État va se modifier vers un rôle d’acteur de justice social, s’il n’est pas manipulé par des intérêts temporaires, contraires aux réalités sociales. C’est pour cette raison que je crois qu’on ne peut plus parler d’économie, mais d’économie politique.
