Europe : les masques tombent
Jean-Claude Juncker, président de la Commission, vient de commettre une affirmation qui sonne conme un avertissement en écho au résultat des élections grecques : Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. Le propos a le mérite d’être clair, à tout le moins au niveau de ce que le Président de la Commission représente : les pays de la zone euro avaient déjà perdu leur souveraineté monétaire, leur souveraine fiscale (au travers de la signature du Pacte de Stabilité et de Croissance), mais voici que c’est l’orientation démocratique qui devrait désormais faire l’objet d’un abandon d’expression.
Même si le propos de Jean-Claude Juncker est certainement juridiquement incontestable, il faut être très prudent dans le déni du choix grec car l’adhésion démocratique européenne vacille, ainsi qu’il fut démontré aux dernières élections européennes. Mais ce n’est pas tout : la gestion européenne de la crise dans les domaines budgétaire et monétaire relève d’une erreur d’appréciation, dont la déflation et la flambée du chômage ne sont que deux symptômes.
Nier la pertinence de la représentation démocratique opposée à l’ordre européen relève d’une méconnaissance inquiétante de l’histoire des peuples. L’Europe devrait désormais sérieusement faire un examen de conscience quant au bien-fondé de politiques monolithiques, homogènes et non différenciées de rigueur budgétaire alors que le fossé entre les pays du Nord et du Sud de la zone euro s’est aggravé. Car, derrière ces questionnements, c’est probablement la survie de l’euro qui est en joue. Croire que des symboles régaliens, comme les dettes publiques et la monnaie, disciplinent une économie réelle est une réfutation des réalités socio-économiques.
De Gaulle avait coutume de dire que les peuples, comme les oliviers, durent mille ans. Je ne connais pas de monnaie ou de dette publique qui démontré cette pérennité.
Bruno Colmant