Après un léger ralentissement durant les deux premiers trimestres de l’année, l’activité économique dans notre pays se redresserait à nouveau quelque peu au second semestre, selon une nouvelle estimation de la Banque nationale. Celle-ci table à présent sur une croissance annuelle de 1,5 % autant pour 2018 que 2019.
Économie mondiale
Après avoir vigoureusement progressé l’année dernière, l’économie mondiale semble avoir quelque peu perdu de son dynamisme depuis la fin de 2017, notamment dans de nombreux pays avancés. L’activité économique américaine s’est ainsi légèrement ralentie, tandis que l’économie britannique a pratiquement stagné et que l’économie nipponne s’est même sensiblement contractée. Un tel ralentissement conjoncturel n’est pas anormal après une phase de forte expansion au cours de laquelle les capacités de production inutilisées se sont amenuisées. De plus, les prix des matières premières se sont appréciés et l’annonce de mesures protectionnistes a fait naître des doutes sur la mesure dans laquelle le commerce international continuera de soutenir la croissance mondiale. Cette incertitude est susceptible de peser sur les investissements. En outre, plusieurs économies émergentes avec un déficit du compte courant sont confrontées à des problèmes de financement accrus, résultant de réallocations des capitaux internationaux. Les taux d’intérêt sont en effet remontés, en particulier aux États-Unis, dans un contexte d’anticipations d’inflation en hausse, notamment du fait de la relance budgétaire dans une économie déjà caractérisée par une utilisation élevée des capacités de production. Globalement, les hypothèses communes retenues pour ces projections restent néanmoins basées sur un raffermissement de l’économie mondiale et du commerce international. Durant les prochaines années, le rythme de croissance de ce dernier se replierait néanmoins progressivement par rapport à celui du PIB mondial.
Zone euro
La croissance économique en zone euro s’est également quelque peu normalisée depuis le début de l’année, après la forte expansion observée en 2017. D’après les nouvelles prévisions de l’Eurosystème, le renforcement de l’activité y retomberait à 2,1 % cette année, soit un niveau en deçà des estimations de la BCE de mars, mais qui reste solide et plus ou moins conforme aux projections d’automne les plus récentes de l’Eurosystème. Par la suite, l’activité continuerait de se ralentir, la croissance n’atteignant plus que 1,7 % en 2020. Ce mouvement s’expliquerait par l’essoufflement de la dynamique du commerce international, mais également par des contraintes sur l’offre sur le marché du travail, qui pèseraient encore davantage sur la croissance. L’inflation dans la zone euro serait soutenue cette année, tout comme en 2017, par l’appréciation des prix de l’énergie. Abstraction faite de cette composante et d’autres éléments volatils, l’inflation sousjacente se renforcerait tout au long de la période de projection, en raison de la pression grandissante des coûts d’origine intérieure pour atteindre 2 % fin 2020.
S’agissant de la Belgique, les estimations macroéconomiques ont été revues quelque peu à la baisse par rapport aux projections d’automne. Selon les statistiques révisées de l’ICN, la croissance est ressortie à 0,3 % au premier trimestre, soit légèrement en deçà des prévisions initiales. Au deuxième trimestre, l’activité progresserait au même rythme.
Compte tenu des hypothèses communes mentionnées précédemment, la croissance s’amplifierait quelque peu au second semestre, tout comme dans la zone euro dans son ensemble. Pour la totalité de l’année 2018, elle s’élèverait ainsi à 1,5 % pour la Belgique, avant de se tasser modérément jusqu’en 2020, comme le prévoyaient les estimations d’automne, en raison surtout du refroidissement du cycle d’investissements des entreprises – conformément aux déterminants fondamentaux – et de la baisse de la croissance des exportations. La consommation des ménages devrait s’accélérer de par la hausse des salaires réels et le renforcement du pouvoir d’achat, mais ceci ne pourrait que partiellement contrebalancer les facteurs précités. L’écart de croissance négatif apparu en 2015 entre la Belgique et la zone euro s’infléchirait par ailleurs modestement, mais ne se résorberait pas entièrement au cours de la période de projection.
« Comme pour la zone euro, les projections pour la Belgique continuent de pointer en direction d’une solide expansion et d’une robuste création d’emplois » a déclaré le gouverneur Jan Smets. « Dans le contexte international, les risques baissiers ont bel et bien augmenté ».
L’emploi intérieur augmenterait de 97 000 unités sur l’ensemble de la période de projection (2018-2020). Ces chiffres s’ajoutent aux 163 000 emplois créés au cours des trois dernières années. Alors que le nombre d’heures ouvrées par personne est en augmentation, la création d’emplois ralentit par rapport au sommet atteint en 2017, étant donné qu’une croissance du PIB plus faible réduit quelque peu la demande de main d’œuvre et les tensions grandissantes sur le marché du travail pèsent également sur la croissance de l’emploi. Par ailleurs, le nouvel alourdissement des coûts salariaux au cours des prochaines années contribuerait également à normaliser l’intensité de la croissance en main-d’œuvre. Le taux de chômage, qui est tombé à un niveau plus observé depuis le début du siècle, resterait sur une base annuelle quasiment inchangé sur l’horizon de projection: l’augmentation de la population active, qui résulterait entre autres des mesures visant à réduire les sorties anticipées du marché du travail, évoluerait plus ou moins parallèlement à la création d’emplois.
Cette année, l’inflation atteindrait 2,1 %, avant de revenir à 1,6 % en 2020, en raison de la baisse régulière des prix de l’énergie au cours des deux prochaines années. L’inflation sous-jacente s’améliorerait toutefois, passant de 1,3 % en 2018 à 1,8 % en 2020. Le rebond des coûts salariaux ne se répercuterait cependant pas intégralement dans les prix, mais s’accompagnerait plutôt d’une modération des marges bénéficiaires, comme cela a déjà été observé dans le passé.
En ce qui concerne les finances publiques, le déficit budgétaire serait une nouvelle fois inférieur aux prévisions en 2018, se chiffrant à 1 % du PIB, comme en 2017. Cela est surtout dû à la nouvelle forte augmentation des versements anticipés des sociétés, dans le sillage du nouveau relèvement du taux appliqué lorsque ces derniers sont insuffisants. Ce facteur est toutefois temporaire, dans la mesure où il entraînerait une érosion des enrôlements lors de la liquidation de l’impôt des sociétés. Le déficit budgétaire se détériorerait donc à nouveau durant la période de projection, malgré le nouvel abaissement des charges d’intérêts sur la dette, et s’élèverait encore à 1,8 % à la fin de cette période. La dette publique reculerait de 103,4 % en 2017 à 101,1 % du PIB en 2020.
Il convient de rappeler que, conformément aux règles applicables aux exercices de projection de l’Eurosystème, il n’est tenu compte que des mesures qui ont été formellement décidées par les pouvoirs publics – ou dont l’approbation est très vraisemblable – et dont les modalités sont connues de manière suffisamment précise au moment de clôturer les prévisions. Par ailleurs, les évaluations de l’incidence budgétaire de certaines mesures, telles que celles relatives à la lutte contre la fraude, s’écartent des montants inscrits au budget.
Source : BNB