La présidence semestrielle de l’Union européenne

04 janvier 2022

Samedi 1er Janvier 2022, la France assumera la présidence semestrielle de l’Union européenne. Le président français Emmanuel Macron a de grandes ambitions pour l’UE. Mais il est difficile de les séparer de la bataille pour sa réélection. Les ministres de Macron dirigent des réunions avec leurs homologues des autres pays de l’UE pendant six mois. Ils peuvent, entre autres, apposer leur empreinte sur l’ordre du jour. C’est la première fois en 14 ans que la France, poids lourd de l’Union européenne, prend la présidence, qui est assurée à tour de rôle par les États membres.

Les principaux points à l’ordre du jour pour la France sont un salaire minimum plus équitable dans l’ensemble de l’UE, une surveillance accrue des grandes entreprises technologiques et l’introduction d’une taxe sur les marchandises provenant de pays dont les règles en matière d’émissions de gaz à effet de serre sont moins strictes. Les Pays-Bas espèrent que les Français pourront également faire avancer les discussions sur la politique d’asile européenne, qui sont complètement au point mort.

Macron, qui n’est jamais avare de grands mots, de gestes et de perspectives de coopération européenne, a déjà dit qu’il voulait aussi profiter de ces six mois pour donner plus de pouvoir à l’UE sur la scène mondiale. Par exemple, Paris veut enfin prendre des mesures en faveur d’une défense européenne plus forte, avec une véritable « force éclair », par exemple. Et protéger les entreprises européennes de la concurrence déloyale.

Mais le président a aussi d’autres choses en tête : les élections présidentielles auront lieu en avril. Ceux-ci exigent non seulement son attention, mais rendent également Macron plus sensible aux caprices de l’agriculteur, du travailleur ou de tout autre électeur français. C’est pourquoi les accords commerciaux avec le Chili et la Nouvelle-Zélande, par exemple, même s’ils sont effectivement prêts, sont pour l’instant en attente. D’un autre côté, Macron peut se poser en leader et homme d’État européen avec des succès européens.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et de nombreux autres commissaires européens rendront visite à M. Macron le 6 janvier pour marquer le début de la présidence française. La visite se déroulera dans une plus grande harmonie qu’il y a six mois, lorsque la Slovénie a commencé sa présidence. Le tout a été éclipsé par les disputes entre le Premier ministre slovène, qui ne dédaigne pas la controverse, et le commissaire européen Frans Timmermans.

Présidence française du Conseil de l’UE: 1er janvier – 30 juin 2022

Les priorités de la présidence française se reflètent dans sa devise, « Relance, Puissance, Appartenance »:

  • la relance pour permettre à l’Europe de réussir les transitions écologique et numérique
  • la puissance pour défendre et promouvoir nos valeurs et nos intérêts
  • l’appartenance pour construire et développer un imaginaire européen commun, par la culture, nos valeurs et notre histoire commune

Dans son discours du 9 décembre 2021 en vue de présenter les priorités de la présidence française, le président français Emmanuel Macron a défini trois grands axes autour desquels s’articuleront les activités de la présidence:

  • mettre en œuvre un agenda pour une souveraineté européenne, c’est-à-dire la capacité de l’Europe à exister dans le monde tel qu’il est actuellement, et à défendre ses valeurs et ses intérêts
  • bâtir un nouveau modèle européen de croissance
  • créer une Europe à taille plus « humaine »

« S’il fallait résumer en une phrase l’objectif de cette présidence qui s’étendra du 1er; janvier au 30 juin 2022, je dirais que nous devons passer d’une Europe de coopération à l’intérieur de nos frontières à une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses choix et maître de son destin. » Emmanuel Macron, président de la République française. Présentation de la présidence française du Conseil de l’Union européenne à l’Élysée, le 9 décembre 2021.

La majorité des citoyens européens ne reprochent plus à l’Europe d’en faire trop, mais de ne pas faire assez. C’est le cas en matière de santé, de transition écologique, de transition numérique, de politiques sociales, de sécurité et de défense ou de migrations.

L’agenda de souveraineté depuis la Sorbonne

En 2017, avec le discours de la Sorbonne, le Président de la République a proposé à nos partenaires européens un « agenda de souveraineté », c’est-à-dire la capacité de l’Europe à exister dans le monde actuel pour y défendre nos valeurs et nos intérêts.

Cet agenda pour une Europe souveraine est déployé depuis quatre ans :

  1. En matière de transition écologique, l’Europe a adopté la neutralité carbone pour 2050, consacre désormais un tiers de son budget à la lutte contre le réchauffement climatique, et a mis en place la Banque pour le Climat.
  2. En matière numérique, la réforme du droit d’auteur et le retrait des contenus terroristes en ligne ont été votés, et la régulation et la responsabilisation des plateformes seront bientôt une réalité.
  3. En matière sociale, la première décision a été de faire réviser le détachement selon le principe « à travail égal, salaire égal, sur un même lieu ».
  4. En matière de défense, l’Europe a mis en œuvre son premier budget militaire commun et l’initiative européenne d’intervention, et nous développons en franco-allemand le char de combat du futur et l’avion de combat du futur.

En matière économique, un plan de relance historique assis sur un emprunt européen commun a permis à l’Europe de faire face à la crise. De plus, l’Europe se dote progressivement des instruments de protection commerciale pour ne plus être les naïfs de la mondialisation.

La présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE) en trois textes emblématiques et concrets : numérique, climat, social

De très nombreuses lois européennes seront négociées ou adoptées au cours de la présidence française.

En voici trois exemples :

  1. Numérique : notre priorité sera la régulation économique et la responsabilisation des plateformes numériques, notamment face aux discours de haine, avec la législation sur les services et les marchés numériques (DSA et DMA) ;
  2. Transition écologique : notre priorité sera la création d’un prix carbone aux frontières de l’Union européenne (UE) sur les produits importés. C’est une question d’efficacité économique et écologique ;
  3. Social : notre priorité sera d’établir une législation européenne sur les salaires minimums.

L’Europe que nous voulons pour 2030 : investissement, valeurs, jeunesse, culture, santé

La présidence française permettra de préparer l’Europe de demain. Nous jetterons les bases de changements profonds :

  1. Un nouveau modèle de croissance et d’investissement pour l’UE et la zone euro.
  2. Les valeurs européennes, avec des instruments de protection de nos démocraties.
  3. La jeunesse, avec l’élargissement d’Erasmus.
  4. La culture, avec une « Académie d’Europe » réunissant une centaine d’intellectuels des 27 pays et de toutes disciplines pour éclairer le débat européen.
  5. La santé, avec une vraie agence de recherche commune et des grands plans de recherche, par exemple sur Alzheimer.

La PFUE cherchera à répondre aux attentes des citoyens :

Proposée par la France en 2019 et lancée le 9 mai 2021 à Strasbourg par le Président de la République, aux côtés des présidents du Parlement européen et du Conseil européen et de la présidente de la Commission européenne, la Conférence sur l’avenir de l’Europe a ouvert un nouvel espace de débat aux citoyens européens, afin qu’ils puissent contribuer à définir l’horizon politique de l’Europe pour les années et décennies à venir. Les citoyens peuvent exprimer leurs souhaits et leurs attentes sur la plateforme futureu.europa.eu, au sein des panels transnationaux et dans le cadre des nombreux événements organisés dans les 27 États membres.

En France, le Gouvernement a mis en place deux dispositifs. 18 conférences regroupant des citoyens tirés au sort ont été organisées dans l’ensemble des régions, en métropole et en outremer, et une large consultation en ligne a été menée auprès de 50 000 jeunes Français. La contribution finale de ces débats nationaux a été remise au Gouvernement fin novembre 2021.

Les recommandations formulées par les citoyens, en France et en Europe, nourrissent les priorités de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Les travaux de la Conférence sur l’avenir de l’Europe se concluront au printemps 2022, pendant la PFUE. Les citoyens seront informés des suites qui leurs seront donnés.

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