Les défenseurs de la thèse d’un «atterrissage en douceur» de l’économie américaine ont identifié des signes encourageants la semaine dernière. En données préliminaires, le PIB a surpris en progressant de 2,8% en rythme annuel au 2e trimestre, tandis que la hausse des dépenses de consommation des ménages (PCE) hors alimentation et énergie ralentissait à 3% en juin, après 3,8% en mai. Selon toute vraisemblance, le resserrement agressif de la politique monétaire au cours des 15 derniers mois n’a pas encore produit tous ses effets. Mais la confiance des consommateurs s’est améliorée en juin alors que les investissements des entreprises augmentaient et que les demandes hebdomadaires d’allocations chômage diminuaient, ce qui pourrait retarder à nouveau le ralentissement que nous anticipons. En Europe, l’actualité économique s’avère plus mitigée. Malgré un léger rebond du PIB au 2e trimestre, les indices des directeurs d’achat (PMI) ont reflété un tassement de l’activité au mois de juillet en zone euro, où le secteur manufacturier continue de souffrir. L’économie de la région pourrait stagner jusqu’à la fin de l’année et enregistrer une croissance du PIB réel proche de 0,5% pour l’ensemble de l’exercice 2023. Aux Etats-Unis, la croissance pourrait atteindre 1,4% pour l’ensemble de l’année, avec un potentiel de révision à la hausse. En Chine, les PMI officiels ont chuté en juillet, focalisant l’attention sur les efforts de relance annoncés par le Parti communiste la semaine dernière. Les mesures visant à stimuler la consommation, à résoudre l’énorme problème de la dette des collectivités locales et à soutenir le marché immobilier – toujours atone – seront des éléments clés à surveiller.
La semaine dernière, la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont chacune relevé leurs taux directeurs de 25 pb, tout en laissant la porte ouverte à de nouveaux tours de vis. Le marché des changes a estimé qu’une nouvelle hausse des taux américains était plus probable, ce qui a permis au dollar de gagner du terrain par rapport à l’euro. Les enquêtes concernant les prêts bancaires, qui montrent que le resserrement monétaire se transmet plus rapidement à l’économie réelle en zone euro qu’aux Etats-Unis, semblent confirmer ce point de vue. L’action la plus intéressante est venue de la Banque du Japon, qui a relâché son emprise sur les rendements des obligations d’Etat (JGB) en les autorisant à augmenter jusqu’à 1,0%. Le marché n’a pas encore véritablement testé ce nouveau plafond de 1%, mais il s’agira d’un niveau à surveiller. Parallèlement, la Banque du Japon maintient une politique monétaire ultraaccommodante, son taux au jour le jour demeurant fixé à -0,1%. Mais la volatilité des obligations, des devises et des actions pourrait augmenter si la BoJ se montrait prête à «normaliser» sa politique.
Les résultats du 2e trimestre continuent de dépasser les attentes – même si les déceptions font plus réagir le marché que les bonnes surprises. Dans le même ordre d’idées, les fortes hausses quotidiennes s’avèrent souvent de courte durée, ce qui souligne la fébrilité du marché. Cette semaine sera encore chargée aux Etats-Unis, avec la dernière grande vague de résultats trimestriels, le rapport sur l’emploi non agricole et l’inflation pour le mois de juillet.
César Pérez Ruiz, Chief Investment Officer et responsable des investissements Pictet Wealth Management.