Le cauchemar de la BCE
Il y a l’apparence de la politique monétaire. Et puis il y a ses fondements. Depuis plus d’un an, la politique monétaire est devenue accommodante. La BCE s’est lancée dans un programme de rachat d’obligations d’Etat pour un montant mensuel rapidement passé de 60 milliards d’euros à 80 millions d’euros en incluant progressivement des obligations privées. Les taux d’intérêt ont été abaissés jusqu’à en devenir négatif, malgré les dangers systémiques (création de bulles d’actifs, érosion de la rentabilité bancaire, etc.) que cette approcha entraîne. L’objectif apparent était de susciter de l’inflation et de la croissance, ce qui est, jusqu’à présent un échec, encore que je reste convaincu que l’assouplissement monétaire portera ses fruits.
On a aussi constaté un affaiblissement utile de l’euro par rapport, entre autres, au dollar américain, reflétant le différentiel de taux d’intérêt. Mais le véritable objectif de l’assouplissement quantitatif est de financer directement les Etats. Au-delà de l’apparence et en totale violation du mandat de la BCE, cette institution achète des obligations sur le marché primaire, c’est-à-dire des obligations directement émises par les Etats.
La BCE solde donc la croissance de l’endettement public. Et pourquoi ? Parce que le cauchemar de la BCE, c’est qu’un État fasse, comme la Grèce, défaut (même si la Grèce ne l’a pas fait sous l’angle juridique). Car, ce jour-là, l’intangibilité et l’inaliénabilité de l’euro seront en jeu. Et personne ne veut s’aventurer dans cette zone de grand danger.
Bruno Colmant