Bruno Colmant

Bruno Colmant

Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

2016: une crise pire qu’en 2008 ?

12 janvier 2016

Roubini, Soros, Attali… Tous ces prédicateurs annoncent une catastrophe boursière imminente pour l’année 2016. Avec la régularité des prévisions zodiacales, ces pseudo-philosophes entretiennent leur visibilité médiatique. Ils prédisent une crise de l’envergure de celle de 2008. Est-ce envisageable? Bien sûr, en économie, il faut tout subodorer. Personne ne connaît le futur. Mais il faut garder discernement et tempérance de jugement.

Des éléments exogènes (épidémies) ou des épisodes militaires peuvent évidemment ravager le monde, d’autant que la guerre ne respecte plus les règles de l’engagement de Von Clausewitz. La guerre est encore plus sale qu’elle n’a pu l’être. Mais, sous l’angle strictement financier, quels sont les éléments qui pourraient, s’ils ressortissaient à un alignement astral funeste, entraîner un Armageddon financier?

Il me semble que ce serait une augmentation des primes de risques, c’est-à-dire de la perception du risque et de la variabilité associé au futur. Cet élément est non modélisable: il ressortit à la psychologie des foules. Cette augmentation brutale des primes de risque a déjà été constatée dans l’histoire, souvent de manière irrationnelle. Mais alors, les banques centrales y répondront par des injections de liquidités, confortées par le fait qu’en période d’indécision, les taux d’intérêt d’Etat baissent, dans le cadre d’un «flight to quality», c’est-à-dire le repli des investissements vers des actifs moins risqués.

Bien sûr, on pourrait imaginer que l’’augmentation des primes de risques se combine à une augmentation des taux d’intérêt sans risque, si les banques centrales décident de contraindre la masse monétaire. Je ne crois pas à ce scénario car cela signifierait que ces banques centrales plongent volontairement l’économie en récession. C’est peu probable car, au-delà de l’apparente indépendance des banques centrales, il y a les Etats. Et les Etats gardent toujours le dernier mot.

Bruno Colmant

 

Laissez une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués *