Frédéric Rollin
En 1957, un garçon aveugle de sept ans, obsédé par les téléphones et capable de reproduire parfaitement les notes de musique découvrit qu’en sifflant dans le combiné à une fréquence de 2600 hertz, il pouvait passer des appels longue distance gratuitement. Durant plusieurs années, il en tira quelques dollars en vendant ses talents de siffleur à des camarades d’université qui souhaitaient joindre à peu de frais leur famille.
Cet évènement légendaire constitue, selon les historiens, le premier piratage d’un réseau de télécommunications. Le trimestriel de référence de la communauté des pirates informatiques s’appelle d’ailleurs 2600: The Hacker Quarterly. Depuis, les techniques se sont multipliées et les montants en jeu ont explosé.
A l’aide de logiciels malveillants, les pirates informatiques prennent le contrôle d’ordinateurs en exigeant une rançon pour les libérer. En 2017, WannaCry a infecté 200.000 ordinateurs dans 150 pays et réclamé des bitcoins à ses victimes. Les botnets, réseaux d’appareils infectés, mènent des attaques en déni de service en submergeant leur cible de demandes. Slammer a fait crasher la moitié du réseau Internet mondial en quelques minutes. Les distributeurs de Bank of America sont alors tombés en panne et de nombreux vols ont dû être annulés. Autre exemple : des hackers ont réussi à voler les données personnelles de plus de 500 millions de clients de la chaîne d’hôtels Marriott International sans être détectés, pendant presque quatre ans. Devant la multiplicité et la fréquence des attaques, les entreprises doivent s’armer (1).
Selon PwC, le marché de la sécurité informatique connaît une progression nettement supérieure à celle de la croissance mondiale et devrait atteindre USD 120 milliards en 2021.
Frédéric Rollin est Senior Investement Adviser chez Pictet Asset Management
Source : (1) Le Figaro, Attaqué par le virus Wannacry, Boeing se montre rassurant, 29 mars 2018. The New York Times, Marriott Hacking Exposes Data of Up to 500 Million Guests, 30 novembre 2018