Luca Paolini, stratégiste en chef au sein de Pictet Asset Management, nous explique pourquoi les actions européennes et japonaises conservent de la valeur et demeurent surpondérées.
« Notre allocation régionale reste inchangée, avec une surpondération des actions européennes et japonaises. De fait, bien que les valeurs européennes aient surperformé leurs homologues américaines ces derniers mois, elles pourraient encore gagner du terrain à court terme.
L’amélioration de l’environnement macroéconomique en zone euro constitue en effet clairement un facteur favorable. « En Allemagne, les ventes de détail ajustées de l’inflation ont progressé de 5 % sur l’année en janvier, atteignant leur plus haut niveau en 20 ans. Les accords salariaux récemment conclus dans le secteur de la métallurgie pointent également vers une forte augmentation du pouvoir d’achat des consommateurs. Par ailleurs, la dépréciation de la monnaie unique dope la compétitivité des entreprises dans le sud de l’Europe, en particulier celle des sociétés exportatrices basées en Espagne et en Italie, et les crédits aux secteurs non financiers ont augmenté. »
« L’indice des surprises économiques pour la zone euro – qui mesure l’écart positif ou négatif des statistiques publiées par rapport aux attentes – se situe pour sa part à son plus haut en deux ans. Hors effets de l’assouplissement quantitatif de la BCE qui plus est. L’amélioration du climat des affaires commence d’ailleurs à se refléter dans les bénéfices des entreprises, les révisions de profits en Europe s’accélérant rapidement. La part nette des sociétés relevant leurs estimations de bénéfices par rapport à celles qui les réduisent est ainsi passée de -10% à la fin de l’année dernière à -1,5%. »
La décote des actions européennes par rapport aux actions américaines devrait encore se réduire
Comme évoqué, la situation semble meilleure en Europe qu’aux Etats-Unis. « En effet, la vigueur du dollar commence à pénaliser les bénéfices des sociétés exportatrices et les actions américaines paraissent chères selon divers multiples de valorisation. A peine inférieur à 28, le ratio cours/bénéfices de l’indice S&P 500 ajusté des variations cycliques se situe dans le haut de sa fourchette historique, bulle technologique exceptée. Au vu de l’ensemble de ces facteurs, la décote des actions européennes par rapport aux actions américaines devrait encore se réduire – elle avoisine actuellement les 5 % sur la base du ratio cours/bénéfices à 12 mois. »
Des actions japonaises toujours attrayantes
« Les actions japonaises conservent elles aussi leur attrait. Réformes économiques, politique monétaire durablement accommodante et faiblesse du yen sont autant de facteurs appelés à soutenir la dynamique bénéficiaire des entreprises nippones. En outre, les signes témoignant d’une amélioration de la gouvernance de ces entreprises se multiplient, ce qui devrait se traduire par des mesures favorables aux actionnaires, telles qu’augmentation des dividendes, rachats d’actions et acquisitions génératrices de croissance.
« Nous restons également positifs à l’égard des obligations à haut rendement », dit encore Luca Paolini. Sachant que les conditions économiques en zone euro devraient encore s’améliorer au cours des mois à venir et que la Fed ne devrait pas procéder à plus d’un relèvement de taux cette année, le surplus de rendement offert par les emprunts de catégorie inférieure à investment grade paraît intéressant.
Les conditions sont aussi porteuses sur le plan technique. Même si les émetteurs high yield continuent de recourir au marché obligataire, les fonds versés aux investisseurs à titre de rachats ou de coupons sont réinvestis dans la classe d’actifs. »
Source: Pictet Asset Management