L’Observatoire de la compétitivité du ministère de l’Économie a publié une étude économétrique intitulée « Analyse de l’impact des interactions sectorielles sur l’évolution des salaires: comparaison de quatre pays » réalisée par l’Université du Luxembourg.
L’étude a comme objectif d’analyser les interactions sectorielles de salaires dans les trois pays voisins (Allemagne, Belgique, France) et au Luxembourg, et en particulier les interactions entre la dynamique des salaires dans le secteur privé et le secteur public. Au Luxembourg, en raison de son importance, le rôle du secteur financier dans la formation des salaires a été spécifiquement pris en compte.
La problématique qui a motivé cette étude tient à la domination que pourrait jouer un secteur particulier dans la formation des salaires. Quels sont les effets d’entrainement d’un secteur sur un autre en matière d’évolution salariale? Des études plus anciennes laissaient penser que les salaires du secteur public joueraient un rôle d’aiguillon ou bien le secteur financier en raison des salaires élevés et de sa dynamique propre.
Pas de secteur prédominant
Les résultats de cette étude montrent que pour l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg, il n’existe pas de secteur prédominant entraînant les salaires des autres secteurs. Il n’y a pas de « wage leadership », mais bien des interactions sectorielles réciproques, très fortes et assez rapides, tant pour les effets à court terme que pour ceux à long terme. Seule la France semble faire exception. Selon les estimations économétriques, les interactions sectorielles privé-public y sont faibles, voire inexistantes.
Dans le cas du Luxembourg, l’analyse a été poussée encore plus loin en prenant en compte les salaires du secteur financier au sens large qui représente environ 30% de l’emploi total et 48% de la valeur ajoutée au Luxembourg en 2015. Les principales conclusions du modèle à trois secteurs corroborent les analyses obtenues avec les analyses à deux secteurs, privé-public. Les estimations économétriques montrent qu’il n’existe pas de secteur dominant au Luxembourg, mais plutôt des interactions sectorielles dynamiques de l’évolution des salaires.
Ce résultat pourrait ouvrir une nouvelle perspective pour la politique économique. Pour améliorer la compétitivité-coût du pays, si cela s’avérait nécessaire, il est vain de s’appuyer sur le développement salarial d’un seul secteur, il faut au contraire viser une concertation salariale englobant les principaux secteurs.
L’étude peut être téléchargée sur le site de l’Observatoire de la compétitivité.
Source: Ministère de l’Économie