Bruno Colmant

Bruno Colmant, enseigne à l'université et est un financier, fiscaliste, auteur et économiste belge. Membre de l'Académie royale de Belgique, il conseille aussi des gouvernements et chefs d'entreprises dans le domaine de l'économie. Il fut également juge consulaire du Tribunal de commerce de Bruxelles. Actuellement, il est président du conseil d’administration de Brederode SA.
Bruno Colmant

Bruno Colmant

Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Un monde se dérobe

28 janvier 2017

Depuis quelques semaines, d’invraisemblables bouleversements géopolitiques se précisent. Les Etats-Unis recentrent leur projet de société sur une prospérité domestique, l’Europe voit le Royaume-Uni la quitter tandis que des pays périphériques s’en écartent, le Moyen-Orient dance sur un volcan tandis que la terreur ou la dictature s’abattent sur certains pays. La Chine s’arme tandis que l’Asie se recompose en termes d’alliances. Au sein de l’hémisphère nord, le modèle social-démocrate et politiquement tempéré laisse la place, de manière graduelle, à des extrêmes dont on ne voit pas l’aboutissement. Un monde se dérobe sous les pieds d’une classe politique pétrifiée et engluée dans des rentes d’idées révolues. Tout se passe comme si les messages politiques traditionnels ressemblaient à une monnaie qui n’a plus cours. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Un tax shift à l’impôt des sociétés

17 janvier 2017

Le tax shift est un mouvement giratoire consiste à diminuer le coût salarial global au travers d’une baisse des cotisations sociales et d’une revalorisation des bas salaires nets. Le point d’arrivée de ces mesures est donc une amélioration de la compétitivité. Le financement de ces mesures ressortit, quant à lui, plutôt à un assemblage de mesures diverses qu’à une empreinte décisive. Il s’agit de prélèvements accrus sur la consommation et, dans une moindre mesure, sur les revenus du capital. On remarque incidemment que contrairement à une re-globalisation des revenus, qui était la philosophie fiscale de 1962, c’est désormais un « dual tax system » qui s’impose, c’est-à-dire un système de taxation progressive pour les revenus professionnels et de taxation proportionnel pour les autres revenus (mobiliers, immobiliers et divers) d’une personne physique. Comment poursuivre ce tax shift à l’impôt des sociétés ? Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Le traitement fiscal delirant des « spin-off »

26 décembre 2016

Quiconque investit en actions, et spécifiquement dans des titres américains, sait que les entreprises se composent et se décomposent au gré des évolutions de leurs métiers. Aux Etats-Unis, les entreprises sont poreuses aux modifications corporatives, acquérant ou cédant des branches d’activités afin d’optimaliser le coût du capital. C’est aussi le cas en Europe, quoique ce soit plus rare. Pour les sociétés cotées, la cession d’activités prend souvent la forme d’une spin-off. Sans entrer dans les méandres juridiques de l’opération, il s’agit d’extraire une partie des activités de l’entreprise et de les loger dans une entité séparée. A titre illustratif, l’entreprise américaine Yum ! Brands qui gère les réseaux de fast food Pizza Hut, Taco Bell et KFC (l’ancien Kentucky Fried Chicken) vient récemment de séparer ses activités chinoises en les localisant dans une entité Yum China Holding. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Les vigies

01 décembre 2016

Sans sombrer dans le déclinisme ni les houles de l’actualité, je pense parfois que nous sommes en 1937. Ce fut une année inutile, après le Front Populaire, mais pourtant meurtrière pendant la guerre d’Espagne et le sinistre Guernica. 1937 fut une année intermédiaire, avant le Traité de Munich en septembre 1938. L’histoire ne se répète jamais mais une réalité s’impose depuis le début de l’humanité : seules la croissance économique et la prospérité collective assurent la paix. Dès que l’humain est confronté à la finitude de ses espérances et à la précarité de ses avenirs, ses sombres penchants se raniment. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Trump for President : des turbulences monétaires ?

13 novembre 2016

Dans l’hypothèse d’une élection de Donald Trump à la présidence américaine, l’économie mondiale entrerait dans des territoires non cartographiés. Cette même économie a déjà pénétré dans des zones de déséquilibres que caractérise l’immensité des dettes publiques, financées à bout de bras par de complaisantes banques centrales qui en sont devenus les comptoirs d’escompte à taux d’intérêt nul ou négatif. Mais l’élection de Donald Trump pourrait accentuer ces déséquilibres car sa politique annoncée est volontairement protectionniste. Il s’agit, selon le candidat, d’atténuer la vulnérabilité des entreprises américaines à la concurrence internationale en limitant les importations de pays à bas salaires qui, selon lui, ne respectent pas les termes de l’échange. C’est ainsi que Donald Trump veut renégocier le NAFTA, ce traité commercial qui lie, depuis 1994, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, tout en imposant des barrières tarifaires et douanières aux importations chinoises, suspectées de détruire sournoisement les soubassements de l’économie américaine. François Mitterrand avait donc vu clair lorsqu’il postula, au terme de sa vie, que la polarité du monde serait fracturée par une « guerre à mort, sans morts » entre les Etats-Unis et la Chine. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Impressions sur les restructurations bancaires

08 octobre 2016

Les banques de détail (c’est-à-dire les banques à larges réseaux) ne sont pas dans une situation rayonnante. Les bilans sont lourds, le circuit monétaire est visqueux, les taux d’intérêts sont bas, voire négatifs, et érodent la rentabilité, tandis que la digitalisation, couplée à l’automaticité des transactions, remplace progressivement le service humain. Ces banques de détail sont donc incontestablement en restructuration larvée, sans compter les risques systémiques qui les affectent. En effet, si les banques sont en meilleure santé, certaines institutions sont fragilisées, avec de potentiels effets de contamination. Je pense, par exemple, à Deutsche Bank et à certaines banques italiennes, désormais privées d’un secours étatique. Continuer la lecture…

Une économie administrée sous une technocatie européenne

04 octobre 2016

Dans un texte récent, Jean Tirole, prix Nobel d’économie, suggérait que l’Etat planique devrait faire place à l’Etat arbitre. Ce propos est percutant. L’Etat planique, au sens de la mise en œuvre des plans quinquennaux d’après-guerre, fut la configuration étatique adoptée alors que tout était à reconstruire. Il fallait des impulsions régaliennes destinées à ordonnancer la reconstruction. C’est incidemment dans cet esprit que la sécurité sociale, et plus généralement l’Etat providence, fut fondé.
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Bruno Colmant

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Les pensions : une bombe atomique financière

12 septembre 2016

Le débat économique prioritaire de tous les prochains gouvernements est celui des pensions. Leur financement pose une équation insoluble entre les inversions de courbes démographiques, le vieillissement de la population et la baisse des gains de productivité. On sait qu’en Belgique, la valeur actuelle des engagements de pensions (or soins de santé) représente 3 à 4 fois le PIB, c’est-à-dire de quoi mettre plusieurs fois le pays en faillite. Continuer la lecture…

Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Le cauchemar de la BCE

15 août 2016

Il y a l’apparence de la politique monétaire. Et puis il y a ses fondements. Depuis plus d’un an, la politique monétaire est devenue accommodante. La BCE s’est lancée dans un programme de rachat d’obligations d’Etat pour un montant mensuel rapidement passé de 60 milliards d’euros à 80 millions d’euros en incluant progressivement des obligations privées. Les taux d’intérêt ont été abaissés jusqu’à en devenir négatif, malgré les dangers systémiques (création de bulles d’actifs, érosion de la rentabilité bancaire, etc.) que cette approcha entraîne. L’objectif apparent était de susciter de l’inflation et de la croissance, ce qui est, jusqu’à présent un échec, encore que je reste convaincu que l’assouplissement monétaire portera ses fruits.

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Bruno Colmant

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Professeur d'économie à l'université. Membre de l'Académie royale de Belgique. Stratège. Écrivain. Conférencier.

Il faut revoir l’impôt des sociétés

09 août 2016

Depuis des mois, un débat lancinant anime certaines factions du gouvernement au sujet de l’impôt des sociétés. L’idée du Ministre des Finances est de baisser le taux facial de ce prélèvement, actuellement fixé à 33,99 %, moyennant le retrait de certaines dispositions destinées à abaisser l’assiette de l’impôt. En d’autres termes, il s’agit d’élargir la base moyennant une baisse du taux de taxation. D’un point de vue conceptuel, l’idée est limpide. Elle se heurte pourtant à de nombreuses difficultés pratiques. En effet, un élargissement de la base imposable est contraint par le fait que la Belgique a adopté un système de connexion entre le droit comptable et le droit fiscal. Continuer la lecture…