C’est la guerre civile
Devant les attentats de Paris, et tous ceux qui vont immanquablement survenir au moment où la banalité des jours aura fait oublier les précédents, le premier sentiment est la résignation. Une immense tristesse. Des pleurs. Le découragement. L’abandon moral devant des actes incompréhensibles infligés à une société qui, comme toutes les communautés humaines, cherche un maigre secours dans un meilleur avenir. Ces attentats soustraient des vies. Ils réduisent toutes celles des survivants. Mais nos sociétés sont en guerre. Elles sont en guerre avec elles-mêmes. Car, ne nous faisons aucune illusion : croire qu’une guerre menée à l’étranger contre ses propres ressortissants partis se battre serait une guerre « étrangère » est une erreur de jugement.
C’est une guerre civile. Et ces guerres sont les pires : elles sont indiscernables. L’Europe renoue avec ses propres malédictions, alors que sa richesse est d’être un creuset de différences et de paix obligées.
Que faire ? Une réponse autoritaire forte ? Un abandon partiel des libertés individuelles ? Ce sera la réponse immédiate. Mais il faudra relever la tête. Et se rappeler que les valeurs supérieures exigent de la tempérance.
Devant les forces qui nous dépassent, il convient désormais de formuler une réponse européenne homogène. Cette réponse, c’est un pouvoir cohérent. Et c’est cela qui m’inquiète le plus : l’Europe « d’avant » vit ses dernières heures devant des crises économiques, monétaires et de migration qui dépassent complétement les hommes qui la dirigent.
Nous avions cru que nous vivrions une période de paix scellée par le désastre de 1940-45. Une autre guerre, sournoise et insidieuse, est déclarée. L’Europe que nous devons retrouver, c’est celle de de Gaulle et d’Adenauer. C’est celle de l’avenir de notre continent.
Bruno Colmant