Geert Gielens et Frank Maet
La deuxième semaine d’activité sur les marchés des changes en 2018 a été marquée par un léger recul de l’euro face au dollar américain. Le taux de change EUR-USD est passé de 1,2076 le 4 janvier à 1,1930 le 9 janvier malgré une série d’indicateurs économiques qui confirmaient la vigueur de la reprise conjoncturelle dans la zone euro. Selon nous, la récente baisse du taux de change EUR-USD ne constitue qu’une correction de la tendance sous-jacente qui reste positive pour l’euro.
La relance de la croissance économique sur les marchés émergents et la récente hausse des cours des matières premières indiquent une augmentation de l’appétit du risque chez les investisseurs institutionnels, ce qui devrait soutenir le taux de change EUR-USD à court terme. A plus long terme également, nous avons une vision favorable de l’euro face à l’USD étant donné que dans le courant de 2018, la BCE diminuera ses achats obligataires, ce qui réduira les divergences entre Francfort et Washington sur le plan de la politique monétaire. Ces derniers jours, des rumeurs sont également apparues selon lesquelles le président américain, Donald Trump, envisage le retrait des États-Unis de l’accord commercial ALÉNA, ce qui nuirait aux perspectives de croissance américaines et porterait donc préjudice à l’USD.
En 2017, la livre sterling a gagné près de 10 % par rapport au dollar. Cette appréciation ne résulte toutefois pas d’une grande confiance dans l’économie britannique mais elle est principalement attribuable au fléchissement de l’USD. Selon nous, il est peu probable que la livre sterling remette le couvert en 2018 car l’accent sera mis cette année sur les dommages économiques causés par le Brexit à l’économie britannique.
Le Brexit, un fardeau pour l’économie du Royaume-Uni
Contrairement à la zone euro, l’économie du Royaume-Uni n’a pas pu profiter en 2017 du redressement de la croissance économique à l’échelle mondiale. Au troisième trimestre de 2017, le PIB a progressé de seulement 1,7 % sur une base annuelle, croissance la plus faible depuis le premier trimestre de 2013.
Le dossier Brexit pèse lourdement sur l’économie britannique, parce que les entreprises suspendent leurs investissements en raison de l’avenir incertain. L’absence d’investissements des entreprises pose problème, parce que le Royaume-Uni est déjà confronté à une piètre croissance de la productivité par rapport aux pays de la zone euro.
De plus, l’affaiblissement de la livre sterling britannique nuit au pouvoir d’achat des consommateurs, peu enclins à délier les cordons de la bourse. Seules les entreprises britanniques actives à l’exportation ont pu profiter, ces derniers trimestres, du renforcement de la croissance du commerce mondial. En 2018 et en 2019 aussi, le Brexit fera peser un lourd fardeau sur la croissance du PIB au Royaume-Uni.
Geert Gielens est Chief Economist et Frank Maet Senior Economist chez Belfius
Dans quelle mesure le Brexit pèse-t-il sur la croissance économique britannique
22 janvier 2018