La Chine a tout sauf bien commencé la nouvelle année. Et les conséquences se font sentir sur les Bourses dans le monde entier. Après un premier krach de 7 % de la Bourse chinoise, les marchés chinois ont de nouveau fermé le jeudi 7 janvier après une baisse de cours de même ampleur.
Une combinaison de facteurs joue des tours aux marchés chinois commente Belfius.
Chiffres économiques décevants
L’indice PMI de l’industrie manufacturière a diminué à 48,2 en décembre. Un chiffre inférieur à 50 indique une contraction de l’activité. Ce n’était pas une grande surprise, car les autorités chinoises poursuivent leur processus de réforme en faisant passer leur économie basée sur l’exportation à une économie axée sur la consommation domestique.
La moins bonne nouvelle était cependant que l’indice PMI du secteur des services était aussi en baisse. L’indice officiel des autorités (publié le 1er janvier), qui se focalise surtout sur les grandes entreprises, avait néanmoins enregistré une nouvelle hausse à 54,4 – le niveau le plus élevé en 16 mois. L’indice Caixin/Markit (publié le 6 janvier) met l’accent sur les petites entreprises, qui ressentent plus fortement le ralentissement économique. Et c’est cet indice-là qui a chuté inopinément de 51,2 à 50,2.
Poursuite de la baisse de la devise chinoise
Après la « dévaluation » inattendue de cet été, elle a de nouveau perdu du terrain depuis la mi-décembre face au dollar américain (USD). Cette situation n’avait cependant pas échappé au contrôle des investisseurs. Mercredi passé, la Banque centrale a toutefois abaissé le cours de référence du yuan de 0,5 % par rapport à l’USD, la diminution la plus forte depuis la dévaluation d’août. Cette intervention ravive la crainte d’un nouvel affaissement de la devise. Nous ne devons néanmoins pas oublier que la devise chinoise est restée relativement stable en termes pondérés par les échanges (ce qui se traduit par un recul plus faible du yuan par rapport au « panier » récemment annoncé de devises commerciales). Il a certes perdu à présent près de 6 % par rapport au dollar, mais de nombreuses autres devises de pays émergents ont chuté de 10, 20, voire 30 % face au dollar l’année dernière.
Tensions géopolitiques
Les frictions entre l’Iran et l’Arabie saoudite, mais aussi les tensions croissantes avec la Corée du Nord rendent les investisseurs nerveux.
Un facteur non négligeable dans ces récentes fortes baisses de cours semble cependant être aussi le nouveau système de coupe-circuit circuit, qui est entré en vigueur le 1er janvier sur le marché chinois des actions. Dès que le marché baisse de 5 %, la Bourse s’arrête un quart d’heure. Après une baisse de 7 %, elle est suspendue pour le reste de la journée (comme cela a été deux fois le cas tout récemment). Bien que le système soit introduit pour calmer les investisseurs, il semble produire l’effet inverse dans la pratique. Les marchés chinois des actions sont connus pour leur évolution très capricieuse : en un jour, les cours y fluctuent généralement beaucoup plus fortement que sur les bourses américaines et européennes, plus mûres. Le nouveau système de suspension des transactions fige cependant les baisses de cours temporaires d’une séance jusqu’au lendemain. En outre, les deux seuils d’activation sont très proches (5 et 7 %). Dès que la première limite est franchie, il est très probable que la seconde tombe lors de la reprise de l’activité après un quart d’heure. En effet, personne ne veut être le dernier à partir, donc dès que les cours chutent de 4 %, les ordres de vente sont introduits massivement. Au lieu du calme, nous assistons à un afflux de ventes sous l’effet de la panique… Selon les premières informations, le système de court-circuit a entre-temps été de nouveau suspendu. La nervosité a encore augmenté car l’interdiction de vendre des actions pour les actionnaires détenant plus de 5 % du capital social – mesure introduite en juillet 2015 – expirait le 8 janvier. Cette mesure est entre-temps devenue elle aussi incertaine. Tout comme à l’été 2015, la réaction de panique a surtout été causée par la maladresse (ou l’absence de connaissances de la psychologie du marché) des autorités financières à l’égard de la manière d’aborder la devise et les marchés. En effet, nous pouvons considérer que les investisseurs connaissent à présent peu à peu la faiblesse de l’économie.
Notre vision
Pour les spécialistes de Belfius, la panique est mauvaise conseillère… Les événements de ces derniers jours étayent cependant leur vision selon laquelle 2016 sera une année boursière très mouvementée. L’investisseur n’a toutefois pas de raison de se focaliser trop fortement sur les fluctuations à court terme, souvent importantes. Investir reste en effet une question de long terme, et ce d’autant plus pour celui qui se spécialise dans les pays émergents. Ils restent convaincus que la politique de réforme chinoise est sur la bonne voie, même si, à court terme, les hauts et les bas ne sont pas exclus. Il est donc recommandé de conserver ses investissements, et pour ceux qui veulent acheter, il est préférable d’échelonner les achats dans le temps. Ils donnent cependant la préférence à l’investissement plus diversifié sur l’ensemble de la région asiatique et donc pas seulement en Chine, afin de mieux répartir le risque.
Source : Belfius