Le compliance officer est-il dépassé ou est-ce la réglementation ?

21 décembre 2015

Michel Klompmaker
Une étude récente que Michael Page a menée en collaboration avec Risk & Compliance Platform Europe auprès de compliance officers néerlandais a montré que la pression réglementaire accrue dans le secteur financier menace de dépasser son objectif. La question qui se pose est de savoir s’il s’agit vraiment du fardeau réglementaire accru ou peut-être des responsables de la conformité néerlandais qui veulent un peu trop s’accrocher au passé?

Les répondants relèvent presque tous (pas moins de 96%) une pression accrue au sein de leur organisation. Plus des trois quarts (78%) craignent cependant que ces nouvelles règles vont dépasser leur objectif et compromettre une gestion efficace de l’entreprise.
Selon Mischa Voogt, Managing Director chez Michael Page, il n’est pas encore trop tard: «Si la compliance est correctement réglée, elle peut même apporter un avantage concurrentiel. Dans le domaine de la conformité, les Pays-Bas ont un retard à rattraper sur les pays anglo-saxons comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qui sont considérés comme des meneurs. En Europe continentale, nous avons cependant été parmi les premiers à faire face à des incidents et aux amendes subséquentes, ce qui nous a fait comprendre à un stade précoce que nous devions prendre au sérieux la compliance. Cette réalisation a été exacerbée par la crise bancaire, qui ici a entraîné des dommages considérables. A quelque chose malheur est bon », constate Mischa Voogt. « Une réglementation plus stricte était nécessaire pour mieux protéger les consommateurs contre un gain commercial poussé des différentes institutions financières et comme les Pays-Bas ont commencé plutôt que nos pays voisins, nous sommes à présent plus loin que le reste de l’Europe continentale. »
Etre en conformité est de plus en plus important dans tous les secteurs
Les problèmes de conformité existent depuis des années dans le secteur financier, mais dans le monde de l’entreprise aussi, on se trouve de plus en plus confronté à des réglementations toujours plus strictes. Cela peut parfois avoir de graves conséquences en cas de non-respect de ces règles. Le corporate a généralement du retard sur le secteur financier quand il s’agit de la mise en œuvre d’un processus de conformité fonctionnant bien.
Un des exemples les plus frappants est bien entendu le tapage provoqué par le software trafiqué chez Volkswagen, qui a récemment choqué le monde. « Malheureusement, on voit trop souvent qu’il faut d’abord que cela aille mal avant d’adopter une action appropriée », dit Mischa Voogt. « Les organisations commerciales feraient bien d’observer le secteur financier afin d’éviter ce genre d’abus. Si l’on renonce à mettre les choses en conformité, l’atteinte à la réputation peut être énorme. »
Comportement et culture, nouvelle orientation
Dans le secteur financier, les gens ont maintenant compris que regarder au-delà du simple fait de respecter les règles est payant. Influencer le comportement est un outil au moins aussi efficace. Près des trois quarts des répondants (73%) disent aussi que le comportement et la culture seront parmi les principaux thèmes au sein de l’organisation. Mischa Voogt: « Une approche plus large est en passe de prouver son utilité dans le monde financier, de sorte que le monde de l’entreprise peut en tirer une leçon. Pour les banques, par exemple, nous voyons un glissement de ‘hard controls’ comme un signal d’avertissement quand quelqu’un dépose 100.000 euros en espèces sur on compte, vers des ‘soft controls’, où il s’agit beaucoup plus de changement de comportement et d’éthique. »
Une demande accrue de professionnels de la conformité
Il est certain qu’il y aura une énorme demande pour des compliance officers qualifiés. Dans presque tous les secteurs, la pression en matière de réglementation augmente. Les organisations sont simplement tenues de garder cela à l’esprit et si elles veulent le faire avec succès, elles devront attirer les spécialités appropriées. Mischa Voogt : « Pour les petites organisations, il faudra plus rechercher quelqu’un possédant une formation plus large comprenant à la fois l’aspect juridique et l’aspect humain. Ce qu’il leur faut surtout ce sont des personnes ayant une vision. Comment apporter un changement de culture au sein d’une organisation ? Comment obtenir l’adhésion des gens ? En même temps, une telle personne doit comprendre les souhaits et la nature du business. Dans les organisations plus importantes, on engagera plusieurs spécialistes, comme des psychologues du comportement et des philosophes éthiques, qui viennent compléter les avocats déjà en poste. »
Plus penser en termes de risques
Mischa Voogt note en outre un changement dans la nature du compliance officer, de réactif à proactif. « Aujourd’hui, c’est souvent encore le cas que dans certaines entreprises le département juridique attend avant d’agir jusqu’à ce que il y ait un problème et qu’un dossier soit sur la table, mais il est de plus en plus important de penser en termes de risques. Donc, d’aller dans l’organisation et de relever où se trouvent ces risques. Il n’existe encore souvent pas de stratégies quand les choses vont mal et l’on attend tout simplement qu’un incident se produise. Les institutions financières sont en l’occurrence plus loin sur ce plan et travaillent beaucoup selon une approche fondée sur les risques. »
Certains experts disent et craignent que des règlementations plus strictes compromettent une gestion efficace. Mais est-ce le cas? Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, la pression des réglementations est encore plus forte, mais cela pose beaucoup moins de problème. Peut-être parce que là-bas, on est confronté depuis plus longtemps à cette pression et le processus est devenu plus efficace. Où en est-on en Belgique? Le groupement des compliance officers en Belgique se compose-t-il d’un ensemble d’experts qui se plaignent de la situation?

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