Le déficit budgétaire de la Belgique reste trop élevé

16 décembre 2020

L’activité économique en Belgique a diminué de 6,7% cette année en raison des mesures restrictives imposées pour prévenir la propagation de la pandémie de COVID-19. La récession est moins grave que ce que l’on craignait au départ, mais elle est tout de même plus de trois fois plus forte que lors de la crise financière mondiale de 2008-2009. À la suite de l’assouplissement des mesures restrictives et en supposant qu’une solution médicale efficace, telle qu’un vaccin, puisse être trouvée et diffusée à partir de l’année prochaine, une reprise progressive de plus de 3%, due en grande partie à la consommation des ménages, suivra au cours des deux prochaines années. En revanche, la reprise des investissements des entreprises prendra un peu plus de temps et les exportations nettes continueront à peser sur la croissance tout au long de la période de projection. La crise de la couronne a également un impact sur le marché du travail : quelque 100 000 emplois seront perdus d’ici l’automne 2021. Le déficit budgétaire se creuse pour atteindre plus de 10% du PIB en 2020. Plus important encore, il restera structurellement élevé par la suite et fera plus que doubler le niveau qui aurait été atteint sans la crise.

Après l’apparition de la pandémie de COVID-19, des mesures sanitaires ont été prises dans le monde entier pour empêcher sa propagation. En conséquence, le PIB mondial et le commerce ont tous deux fortement chuté au cours du premier semestre 2020, bien que dans une ampleur moindre que ce que l’on craignait initialement. L’assouplissement des mesures au cours de l’été a permis une reprise vigoureuse qui, dans la plupart des cas, s’est avérée incomplète et de courte durée.

La Belgique a elle aussi connu une reprise économique au troisième trimestre mais, selon les indicateurs à court terme, elle a perdu son élan avant même d’être définitivement étouffée par une nouvelle vague de corona et les mesures de protection qui ont suivi à l’automne. Toutefois, selon les enquêtes, l’impact du second lockdown sur la production du secteur privé au quatrième trimestre est nettement plus limité qu’au printemps. Au total, l’activité économique devrait diminuer de 6,7% cette année.

En supposant qu’une solution médicale efficace, telle qu’un vaccin, puisse être distribuée à partir de l’année prochaine, une reprise progressive de plus de 3% suivra au cours des deux prochaines années. Cette reprise est soumise à des risques tant à la hausse qu’à la baisse, qui sont dans une large mesure liés au déroulement de la crise sanitaire et à d’éventuelles mesures restrictives supplémentaires. Toutefois, le PIB ne devrait pas revenir aux niveaux d’avant la crise avant la fin de 2022, après quoi la croissance devrait se modérer légèrement pour atteindre 2,3% en 2023.

La reprise de l’économie est principalement due à la consommation des ménages qui, comme après le premier lockdown, rebondit à mesure que les mesures restrictives sont levées. Outre le rattrapage de la demande et la normalisation rapide des comportements d’épargne, la consommation est également structurellement soutenue par l’évolution du pouvoir d’achat. Pendant la phase aiguë de la crise, les pertes de revenus des ménages ont été limitées par le soutien massif du gouvernement, notamment par le biais du système de chômage temporaire. En outre, au cours de la période 2021-2023, le pouvoir d’achat par habitant augmenterait à nouveau, de 4% en termes cumulés.

Les investissements des entreprises ont chuté d’un quart au cours du premier semestre 2020 et devraient se redresser plus lentement que la consommation des ménages. L’incertitude qui continue de régner autour de la reprise de la demande, accentuée à court terme par un éventuel « no-deal Brexit », oblige les entreprises à reporter ou à annuler leurs plans d’investissement pour un certain temps encore. En outre, la contribution des exportations nettes à la croissance reste négative : les importations devraient se redresser un peu plus fortement que les exportations, notamment en raison du retour progressif des flux touristiques normaux.

À court terme, l’impact du ralentissement économique sur le marché du travail est en grande partie absorbé par les mesures gouvernementales massives, y compris l’extension du système de chômage temporaire et les mesures de soutien aux travailleurs indépendants. Néanmoins, plus de 100 000 emplois seront perdus d’ici l’automne 2021. Le chômage est en hausse, mais dans l’ensemble, les dégâts restent limités par rapport au choc important subi par le PIB.

L’inflation fondamentale augmente très modérément, de 1,3% cette année à 1,7% en 2023. L’augmentation des coûts salariaux, ainsi que les coûts supplémentaires liés à la reprise de l’activité en toute sécurité, créent des pressions inflationnistes. Toutefois, l’augmentation resterait limitée, car les marges bénéficiaires ne se rétablissent pas complètement. L’inflation globale devrait augmenter plus fortement, passant de 0,4% en 2020 à 1,9% en 2023, mais cela est principalement dû au niveau exceptionnellement bas de cette année résultant de la forte baisse des prix du pétrole. La hausse de l’inflation alimente à son tour la dynamique du coût de la main-d’œuvre, qui augmenterait relativement fortement au cours de la période de projection en raison des mécanismes d’indexation.

Le déficit budgétaire se creuse considérablement, pour atteindre 10,6% du PIB en 2020, en raison de la crise économique, qui entraîne automatiquement une augmentation des dépenses et une réduction des recettes, mais aussi des importantes mesures de soutien. Celles-ci sont principalement de nature temporaire et le déficit serait donc réduit dans les années à venir, mais il resterait à environ 6% du PIB. Le ratio de la dette publique au PIB atteindra près de 120% en 2023 et continuera d’augmenter par la suite, en supposant une croissance normale et un déficit budgétaire constant. Cette situation budgétaire insoutenable signifie que toute mesure de relance supplémentaire devrait être temporaire et se concentrer sur les entreprises saines et les groupes vulnérables. Pour que la reprise économique soit durable, une feuille de route pour le redressement des finances publiques est nécessaire.



Laissez une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués *