L’économie turque souffre de la situation politique incertaine qui caractérise le pays depuis le coup d’état manqué de l’année dernière. Les touristes évitent le pays (-30%), les investissements étrangers sont revus à la baisse (-40%) et le taux de chômage, à 12,7%, est à son plus haut niveau en sept ans. Pire encore, depuis fin 2016, l’inflation a fortement augmenté, pour atteindre à 11,3% en mars 2017.
La société d’assurance-crédit Atradius perçoit encore d’autres signaux alarmants. « En trois ans, le nombre de retards de paiement dans le pays a pratiquement doublé, passant de 32% en 2013 à 61% en 2016. La proportion de défauts de paiement s’élève à 20%, soit un niveau deux fois plus élevé que dans les pays environnants. Et la situation est la même en ce qui concerne les factures non recouvrables (2,2% contre 1%) », indique Christophe Cherry, Directeur Général d’Atradius Belgique.
30% de touristes en moins.
Qu’il s’agisse des investisseurs étrangers (-40%) ou des touristes (-30%), tout le monde semble faire un détour pour éviter la Turquie depuis que l’instabilité politique s’est emparée du pays. C’est du moins ce qui ressort du Market Monitor et du Payment Practices Barometer turcs, des enquêtes menées auprès d’un millier d’entreprises par le spécialiste de l’assurance-crédit, Atradius.
Conséquence de ces événements : une économie en grande perte de vitesse. La croissance économique qui s’élevait encore en moyenne à 6,1% entre 2012 et 2015, n’était plus que de 2,9% en 2016, un recul très marqué. En outre, il faut aussi noter le dérapage de l’inflation, à 11,3% en mars 2017.
« Le tableau aurait pu être encore plus sombre si les autorités turques n’avaient pas augmenté sensiblement les dépenses publiques année après année », précise Christophe Cherry, Directeur Général d’Atradius. « Depuis le coup d’état de l’été dernier, la situation en Turquie est très agitée. Le recul des visites touristiques est massif, les investissements privés sont en attente et le taux de chômage, à 12,7%, est au plus haut depuis sept ans. Enfin, le référendum d’Erdogan a encore aggravé la division du pays ».
80% des entreprises en faillite après trois ans
La volatilité accrue de la lire turque et la politique bancaire plus restrictive ont provoqué une détérioration drastique du comportement de paiement des entreprises ces dernières années. Le premières victimes de ce contexte sont les nouvelles entreprises qui ne peuvent pas s’appuyer sur des capitaux importants : en Turquie, 80% des nouvelles entreprises font faillite au bout de trois ans. Il convient de souligner que dans les industries touchées on compte également des entreprises solides et résilientes qui restent à flot.
« En trois ans, le nombre de paiements intérieurs en retard a presque doublé, passant de 32% en 2013 à 61% en 2016. À titre de comparaison, ce chiffre s’élève en moyenne à 45% en Europe de l’Est et à 42% en Europe occidentale. La Turquie est donc largement derrière », précise Cherry. « La proportion de non-paiements est de 20%, soit un niveau deux fois plus élevé que dans les pays environnants. Et la situation est la même en ce qui concerne les factures non recouvrables (2,2% contre 1%) ».
Le chiffre DSO du pays (Days Sales Outstanding) confirme cet état général. Ce chiffre exprime la durée moyenne nécessaire pour qu’une entreprise reçoive paiement d’une facture après livraison d’un produit ou d’un service. En Turquie, ce délai est de 73 jours, soit beaucoup plus que le délai moyen dans la région (61 jours). Qui plus est, plus d’un quart des répondants turcs (26,3%) s’attendent à ce que la situation se détériore encore davantage.
L’incertitude politique influe sur la croissance
La lumière au bout de ce tunnel économique n’est pas encore en vue : 26% des répondants prévoient une détérioration, 16% une amélioration et 58% pensent que la situation actuelle ne changera pas dans l’immédiat. Les grandes sources d’inquiétude des entreprises turques sont avant tout l’impact du Brexit et le ralentissement de la croissance des économies asiatiques.
« Les perspectives de croissance dans un certain nombre de régions et de pays du monde sont meilleures qu’auparavant, mais le risque demeure un facteur de poids. L’incertitude politique pèse sur les perspectives de croissance à moyen terme de la région », explique Andreas Tesch, Chief Market Officer d’Atradius. « Dans la mesure où il existe des relations commerciales étroites entre différentes régions du monde, la détérioration du climat économique sur un ou plusieurs marchés peut aussi produire des effets négatifs sur d’autres marchés, avec d’éventuelles conséquences négatives sur les conditions de solvabilité au niveau mondial. Dans ce contexte, il est essentiel de bien tenir à l’œil la gestion du risque du crédit commercial afin de conserver la viabilité financière des entreprises ».
Source : Atradius