L’effarement des dirigeants de la BCE
Au-delà des dénégations des autorités politiques et monétaires, il est désormais évident que nous entrons en déflation. Tous les jugements sentencieux des économistes qui s’accommodent de l’humeur du moment sont balayés: il fallait absolument inflater nos économies plutôt que de les plonger dans des programmes d’austérité et une discipline de monnaie forte.
Dans les années trente, Keynes exhorta les pays en déflation à ne pas aggraver cette dernière par des politiques de rigueur. Il ne fut pas écouté alors que toutes les politiques déflationnistes échouèrent (Laval en France, Hoover aux Etats-Unis, Brüning en Allemagne, etc.) jusqu’à en devenir des ferments de violence militaire. Ce ne furent qu’erreurs sur erreurs. Les mêmes erreurs que celle que commit Churchill en reliant la Livre sterling à l’or dans des conditions insupportables en 1925, que celles des programmes d’austérité qui suivirent la crise de 1929, que la fondation du bloc-or, similaire à l’euro, en 1933, etc.
Je le crois de plus en plus : l’euro ne survivra pas à une déflation profonde. Le visage effaré des responsables de la BCE, vieilli de 10 ans en 3 mois, est très révélateur.
Les sourires ne cachent plus les sillon des rides. Le mois de décembre sera décisif pour ces hommes. Ou bien ils convainquent qu’un immense assouplissement quantitatif, destiné à refinancer les dettes publiques, est indispensable, ou bien ils nous préparent à la fin de l’euro.
Un monde s’écroule. Ce monde, c’est celui d’une monnaie artificielle. Celui des postulats monétaires qui s’inscrivent dans une réalité imaginée. Il faut sauver l’euro.