Depuis 2007, l’activité globale de l’entreprise n’a jamais été aussi mal préparée au risque que maintenant. A peine un quart des entreprises (27%), tiennent sous contrôle les principales menaces qui pèsent sur elles. C’est le taux le plus bas enregistré depuis qu’Aon, courtier en assurances et conseiller en risques, a commencé les Global Risk Management Survey.
Les évolutions économiques, démographiques et géopolitiques, ainsi que le rythme soutenu des avancées technologiques transforment les risques traditionnels pour les entreprises mondiales, ajoutant un nouveau degré d’urgence et de complexité aux anciens défis.
L’atteinte à la réputation/marque est restée le risque numéro un pour les entreprises. Si les produits défectueux, les pratiques commerciales frauduleuses et la corruption restent les principales menaces pour la réputation, les réseaux sociaux ont largement amplifié leur impact, rendant les entreprises plus vulnérables. En outre, les risques traditionnellement inassurables deviennent plus volatils et il est plus difficile de s’y préparer et de les atténuer.
La cybercriminalité a fait un bond spectaculaire
La cybercriminalité, qui a fait un bond spectaculaire de la neuvième à la cinquième place cette année, a maintenant rejoint une longue liste de causes susceptibles de provoquer de coûteuses interruptions d’activité. C’est aujourd’hui la principale préoccupation parmi les entreprises d’Amérique du Nord, étant donné que la fréquence des violations informatiques augmente et que les plans de réponse aux incidents sont devenus plus complexes du fait des réglementations et des obligations de divulgation. Cette tendance à l’obligation de divulgation s’observe également sur le plan international, par exemple avec l’entrée en vigueur des General Data Protection Regulations de l’UE en 2018. Les préoccupations liées à la cybercriminalité resteront donc importantes pour les entreprises.
Les risques/incertitudes politiques, précédemment classés à la 15e place, ont réintégré le top 10 des risques en neuvième position. En même temps, la préparation au risque a chuté de 39 pour cent en 2015 à 27 pour cent actuellement. Fait intéressant, les pays développés qui étaient traditionnellement associés à une certaine stabilité politique sont devenus des sources de volatilité et d’incertitude. Ceci constitue une préoccupation pour les entreprises, en particulier pour celles qui opèrent sur les marchés émergents. En outre, d’après les dernières 2017 Risk Maps d’Aon qui couvrent le risque politique, le terrorisme et la violence politique, le protectionnisme commercial est à la hausse, tandis que les cotes du terrorisme et de la violence politique sont à leur plus haut depuis 2013.
« Nous vivons dans une nouvelle réalité difficile pour les entreprises de toute taille dans le monde. Il existe de nombreuses influences émergentes qui ouvrent des opportunités, mais qui, en même temps, créent des risques qu’il faut gérer, explique Bart Goossens, Directeur Commercial chez Aon Belgique. Comme le paysage des risques pour le commerce évolue, les entreprises ne peuvent plus compter sur les seules tactiques d’atténuation ou de transfert des risques. Elles doivent désormais adopter une approche transversale vis-à-vis de la gestion des risques et explorer des méthodes différentes pour faire face à ces nouveaux développements. »
Les technologies disruptives/l’innovation sont un risque émergent que les participants ont classé en 20e position cette année, mais on peut d’ores et déjà prédire qu’elles figureront dans le top 10 des risques d’ici 2020. Avec l’introduction et l’adoption récente de nouvelles technologies, comme les drones, les voitures sans conducteur et la robotique de pointe, les entreprises prennent de plus en plus conscience de l’impact de l’innovation. Les répondants de plusieurs secteurs industriels – et pas seulement du secteur technologique – réalisent l’importance des perturbateurs potentiels issus tant de leurs propres rangs que de secteurs extérieurs au leur.
Conclusions notables
-Une croissance économique mondiale modérée a été pour les entreprises un motif d’optimisme prudent, ce qui a entraîné le recul du ralentissement/de la reprise lente de l’économie à la deuxième place dans le top 10 des risques.
-La concurrence croissante s’est hissée à la troisième position cette année. Bien souvent, la concurrence est devenue à ce point féroce qu’il est de plus en plus difficile pour les dirigeants d’identifier clairement dans quel secteur et avec quelles entreprises ils sont en concurrence.
-Les dégâts matériels, qui se classaient au 10e rang en 2015, ont reculé à la 13e position. Ceci pourrait refléter un changement des priorités, étant donné que les risques/incertitudes politiques présentent désormais une nouvelle urgence.
-Les ruptures de la chaîne d’approvisionnement ou de distribution ont enregistré leur classement le plus bas depuis 2009, chutant de la 14e à la 19e place.
-L’interruption des activités n’est pas considérée comme un risque du top 10 par les entreprises du Moyen-Orient/de l’Afrique qui, historiquement, ont connu de plus grandes expositions aux incidents de nature à interrompre les activités des entreprises.
-L’incapacité à attirer ou à retenir des talents pourrait s’accentuer si les politiques d’immigration changent en Amérique du Nord et en Europe, où les secteurs technologiques ont longtemps eu recours à des immigrés de talent attirés aux quatre coins du monde.
Réalisé durant le quatrième trimestre 2016, le 2017 Global Risk Management Survey d’Aon a réuni des données recueillies auprès de 1.843 répondants d’entreprises publiques et privées du monde entier, ce qui en fait le plus haut taux de réponse depuis le lancement de l’étude et une des plus vastes études du genre.
Source : Aon