Les mentalités doivent changer: au travail après un cancer du sein

04 février 2022

Le vendredi 4 février, Journée mondiale contre le cancer, l’ASBL Pink Ribbon a appelé le gouvernement et les entreprises à se pencher ensemble sur la réintégration au travail après une absence de longue durée pour cause de cancer du sein. Pour donner encore plus de poids à son appel, Pink Ribbon a invité des spécialistes du monde universitaire et du monde de l’entreprise, mais a aussi donné la parole au minister Frank Vandenbroucke. Le bon conseil qu’il a donné au public ? « Les mentalités doivent changer : nous devons nous demander ce qu’on peut encore faire au travail après un cancer du sein et faire en sorte que ça soit possible. »

On a tendance à penser que le cancer ne nous concerne pas, qu’il touche seulement les autres et les personnes âgées. Rien n’est moins vrai. 1 homme sur 3 et 1 femme sur 4 sera confronté(e) au diagnostic du cancer avant l’âge de 75 ans[1]. Le cancer du sein, le cancer du côlon et le cancer des poumons sont les formes les plus courantes de cette horrible maladie dans notre pays. Quelque 100 000 femmes se battent actuellement contre un cancer du sein. Des chiffres hallucinants !Mais il y a heureusement de l’espoir : les chances de survie des patients augmentent. Alors qu’un retour au travail après un cancer du sein semblait pratiquement impossible auparavant, la réalité est tout autre aujourd’hui. D’où l’importance d’un bon suivi et d’une communication optimale entre tous les acteurs (l’employeur, les supérieurs, les prestataires de soins, le patient et les collègues).La reprise du travail n’est plus si rare

Lors de son séminaire en ligne, Pink Ribbon, l’organisation nationale qui mène la lutte contre le cancer du sein, a appelé à lever le tabou et à favoriser le dialogue sur le cancer du sein au travail. Dans cette optique, l’ergothérapeute Huget Désiron a lancé une initiative (complétée ultérieurement par des travaux de recherche) qui accompagne les entreprises dans le cadre de la réintégration de leurs travailleurs après une absence de longue durée. « Il y a 30 ans, c’était encore un terrain vague, surtout pour les patients atteints du cancer. Les chances de survie étaient beaucoup plus faibles et il n’était pas évident de reprendre le travail après un cancer. Grâce à la science, les chances de survie sont beaucoup plus élevées aujourd’hui. Dès lors, la reprise du travail n’est plus si rare », explique le Dr Désiron. « Au moment du diagnostic, une foule de questions vous submergent. C’est une bonne chose de pouvoir immédiatement faire appel à un expert de l’hôpital qui pourra vous aider à envisager vos perspectives professionnelles, qu’il s’agisse de déterminer si et comment il faut en parler à votre patron et à vos collègues et comment préparer un retour. »

Une approche soutenue par les experts du monde de l’entreprise tels qu’Ellen Caers de Rentree et Magali Mertens de Wilmars de l’ASBL Travail & Cancer. Elles aident depuis des années les travailleurs et les employeurs dans le cadre de la reprise du travail. Magali Mertens, fondatrice de l’ASBL Travail & Cancer : « Le cancer ne bouleverse pas juste l’aspect santé, c’est tout notre écosystème qui est touché : image de soi, vie professionnelle, relations sociales, famille, valeurs… » Magali Mertens, coach spécialisée dans l’après-cancer et le retour au travail, a partagé quelques clés pour y voir plus clair et valoriser les ressources (re)découvertes à travers l’expérience de la maladie pour en faire un tremplin, et non un frein.

Ellen Caers de Rentree : « Les coachs de Rentree apportent un soutien tout au long du processus professionnel qui suit un cancer. D’après eux, si ce soutien est le bienvenu, il est aussi, et surtout, indispensable. L’employeur, le travailleur et les collègues ont tous des questions et des inquiétudes, » explique-t-elle. « Ils cherchent donc des points de repère pour aborder la réintégration de manière saine et réalisable. La législation sociale et les différents acteurs impliqués sont, en outre, souvent méconnus. Rentree apporte un soutien dès les premières questions relatives à la reprise du travail avec/après un cancer, qui surgissent souvent à un stade précoce du traitement, et offre un accompagnement jusqu’à la reprise du travail et au suivi. Dans ce cadre, nous collaborons avec de nombreux hôpitaux et professionnels des soins de santé en Flandre et à Bruxelles. »

Le gouvernement soutient l’appel

Mais dans l’état actuel des choses, le gouvernement n’apporte pas un soutien suffisant aux entreprises et à leurs travailleurs désireux d’entamer un processus de réintégration. Pink Ribbon l’appelle depuis longtemps déjà à se pencher au plus vite sur le sujet. Le ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, a lui aussi reconnu la nécessité d’un accompagnement qui facilite le retour au travail des malades de longue durée. Dans la mesure où les malades de longue durée pèsent lourdement sur la sécurité sociale, le ministre avait déjà annoncé la mise en place de 60 « Coordinateurs Retour Au Travail ». Ils aideront les malades de longue durée à reprendre le travail dans la mesure de leurs possibilités. Lors du séminaire, le ministre Vandenbroucke a pleinement défendu le message de l’ASBL Pink Ribbon et des différents orateurs : « La santé prime, mais le bien-être est tout aussi important. Le travail joue un rôle clé à cet égard. Les perspectives professionnelles et les perspectives d’avenir font partie du processus de guérison. Nous devons donc nous concentrer davantage sur ce qui est possible, et pas sur ce qui ne l’est plus. C’est précisément pour cette raison que j’ai introduit le système des “Coordinateurs Retour Au Travail”. Ils aident les patients, mais aussi les employeurs. J’entends ainsi appuyer l’appel de Pink Ribbon et montrer que le gouvernement soutient aussi cette démarche. »

Hilde Debackere, l’administratrice déléguée de l’ASBL Pink Ribbon, se dit satisfaite du séminaire en ligne : « En marge de notre campagne Pink Monday[2], ce séminaire marquait une nouvelle étape. Nous sommes fiers qu’autant d’experts du monde universitaire et du monde de l’entreprise aient contribué à cette initiative. Cet engouement prouve que les employeurs, les médecins du travail et les conseillers RH sont déterminés à faciliter le retour au travail après un cancer du sein. Les 60 Coordinateurs Retour Au Travail du plan du ministre Vandenbroucke prouvent qu’il y a du progrès. Poursuivons sur cette lancée afin de donner à tout un chacun la perspective d’un avenir plein d’espoir après un traitement. »

Le séminaire a été organisé en coopération avec VBO FEB.

[1] Belgian Cancer Registry — Les chiffres du cancer (kankerregister.org)

[2] Le 17 janvier, soit le Blue Monday, Pink Ribbon a appelé les entreprises à organiser un Pink Monday afin de favoriser le dialogue sur le cancer du sein au travail.



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