L’étrangeté de la dette publique
La monnaie et la dette publique relèvent du même phénomène. En effet, la monnaie est, pour partie, un passif des banques centrales tandis que la dette est celle des Etats. Mais à tout passif correspond un actif : les dettes publiques correspondent à des créances sur les États tandis que la monnaie est une créance sur les banques centrales.
Cela va même plus loin : la dette publique vaut monnaie. Elle est nominalement exprimée en unités monétaires qui devraient exprimer la même sécurité étatique.
C’est ainsi qu’il est presque impossible qu’un Etat fasse défaut sur sa dette sans que sa monnaie soit dépréciée. Une singularité de la dette est néanmoins que la créance correspondante est gagée par la capacité future des Etats à lever des impôts ou à refinancer la dette afin de l’honorer.
Il y a donc une hypothèse sous-jacente à la pérennité de l’ordre social : la crédibilité et stabilité de l’ordre socio-étatique. Cette même stabilité garantit la monnaie qui est aussi une expression de l’adhésion aux structures socio-étatiques. Mais alors, la monnaie et la dette publiques ne sont-elles pas de gigantesques paris, relevant de l’adhésion collective ? Probablement. Marx qualifiait d’ailleurs la dette publique de « capital fictif ».
Etrange analyse.