Souvent boudées par les électeurs, les élections européennes donnent pourtant le « la » concernant les différentes politiques publiques des Etats membres. Parmi elles, les politiques environnementales : la plupart des législations des pays européens sur le sujet proviennent de l’Union Européenne. Alors, comment voter pour l’environnement en 2019 ? Retour sur les différentes prises de position de l’Union Européenne concernant le climat, et pourquoi il faut voter si vous voulez changer les choses.
Voter aux européennes : pourquoi c’est important ?
Tous les 5 ans, les citoyens européens élisent leurs représentants au Parlement européen. Seule institution européenne à être élue au suffrage universelle, elle fonctionne comme le parlement dans un pays démocratique : les députés sont chargés de voter les directives de l’Union Européenne.
La différence, c’est que ces directives devront être appliquées dans chaque pays membre de l’Union Européenne. En signant les traités garantissant leur entrée dans l’Union, les pays sont en effet tenus de se soumettre à la législation européenne, qu’ils doivent obligatoirement appliquer. Le droit Européen occupe donc une place très importante, puisqu’il est supérieur au droit français, et impacte considérablement la législation nationale.
On ne s’en rend pas forcément compte, mais de nombreux textes votés au Parlement européen ont une incidence directe sur nos vies quotidiennes. Par exemple ? La RGPD. Elle a spammé votre boîte mail l’an dernier, puisque tous les sites internet et toutes les administrations auxquels vous aviez transmis des données ont dues s’adapter à cette nouvelle réglementation. Dernière directive en date en matière d’environnement : l’interdiction des plastiques jetables à partir de 2021. Votée en mars 2019, son objectif est d’interdire la production et l’importation d’objets plastiques à usage unique comme les pailles, les couverts, les sacs de courses, les cotons-tiges ou encore les touillettes à café.
L’Europe et l’environnement : une histoire pas si récente
Pourquoi est-il si important de voter aux européennes si vous vous sentez concerné par la cause environnementale ? Si on parle de l’Europe et de l’environnement, c’est parce qu’elle a toujours été pionnière sur le sujet : depuis les années 70, des normes et programmes gravitant autour du changement climatique et de la protection de l’environnement ont commencé à se mettre en place au niveau Européen.
En 1997, l’Union Européenne a d’ailleurs inscrit dans ses traités le principe de développement durable et de protection de l’environnement comme étant une exigence à laquelle sont soumises toutes les politiques et les actions de l’Union Européenne.
Dès 1972, l’Europe agit pour l’environnement, en inscrivant sa volonté de faire un programme d’action pour les politiques environnementales lors du sommet de Paris. De nombreuses directives sont adoptées à l’époque : elles ont pour rôle d’encadrer la gestion des déchets, les émissions de polluants ou encore la qualité de l’eau dans les différents pays signataires des traités.
Aujourd’hui, l’action de l’Union Européenne en matière d’environnement prend forme au travers de son programme LIFE +, visant à financer les recherches pour la protection de l’environnement et la biodiversité. Le programme subventionne de nombreux projets et ONG œuvrant contre le réchauffement climatique.
Aussi, son plan “énergie-climat”, adopté en 2008, vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans tous les Etats membres de 40% d’ici 2020. En plus de lutter contre les changements climatiques, ce “paquet” législatif a pour but de mettre en place une politique commune pour une énergie durable
-27% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2020,
-Accroître de 20% l’efficacité énergétique dans l’Union Européenne
Mais toutes ces législations ne sont pas suffisantes : aujourd’hui encore, de nombreux progrès restent à faire pour améliorer la protection de l’environnement dans l’Union Européenne.
Si précurseur soit-elle, L’Europe, c’est encore à ce jour 25 millions de tonnes de déchets plastiques par an. Et selon l’Agence Européenne de l’Environnement, plus de 400 000 personnes sont décédées prématurément à cause de la pollution atmosphérique dans l’Union Européenne en 2018.
Européennes et climat : quels enjeux en 2019 ?
Pour ces élections, la question environnementale est un enjeu primordial : les citoyens sont de plus en plus mobilisés pour le climat dans l’Union Européenne, ce qui se ressent sur les programmes électoraux.
D’après un sondage IPSOS, réalisé auprès de potentiels votants aux élections européennes, environ 80% des personnes interrogées souhaitent voter en faveur de partis priorisant les enjeux environnementaux dans leurs programmes. Cette mobilisation internationale pour le climat, de plus en plus visible, montre bien que la population se sent de plus en plus concernée.
A l’image de la jeune activiste Suédoise Greta Thunberg, connue pour plaider en faveur de la cause environnementale en Suède et lors de la COP24, de nombreux citoyens incarnent ces revendications, qui prennent de plus en plus d’espace dans le débat public au niveau européen.
Aujourd’hui pourtant, plus d’un citoyen européen sur deux s’abstient pour les élections européennes. Lors du dernier scrutin en 2014, le taux d’abstention était de 57,57%, soit presque 20% plus élevé qu’il y a 30 ans.
Qu’est ce qui explique cette abstention ? Entre désintéressement et éloignement des citoyens concernant les directives européennes, et une sensation d’impuissance généralisée face aux décisions politiques, beaucoup de raisons poussent les citoyens européens à se détourner des urnes.
Le Parlement européen paraît en effet bien loin de nos considérations quotidiennes. Pourtant, c’est une institution qui a beaucoup de poids au niveau international, et qui pourrait faire changer les choses.
Aujourd’hui, les principaux freins à la législation pour l’Union Européenne restent le blocage de certains états membres lors des votes au Parlement : élire des partis favorisant les causes écologiques est une bonne solution pour permettre aux textes en faveur de l’environnement d’être votés plus rapidement.
Autre frein potentiel : celui de certain lobbies, contre lesquels les partis en faveur de l’environnement ne font pas toujours le poids au Parlement. Le récent dossier du glyphosate en est un des exemples les plus parlant, puisqu’il aura conduit au renouvellement des autorisations à utiliser le pesticide pendant 5 ans, jusqu’en 2022. Et pour cause : les lobbies des entreprises commercialisant le tristement célèbre herbicide avaient financés les tests de toxicité.
Voter pour l’environnement : qui propose quoi ?
En France, le vote aux européennes est très stratégique : la France est l’un des pays les mieux représentés au Parlement européen ! Avec le Brexit, l’hexagone se voit attribuer 79 sièges sur 751, et arrive en deuxième position derrière l’Allemagne, qui en compte 96. Une raison de plus pour participer au scrutin. Les sièges sont en effet attribués aux représentants des Etats membre en fonction de leur démographie : un pays comme la France, qui compte plus de 60 millions d’habitants, aura donc plus de députés qu’un pays comme le Danemark, qui compte 6 millions d’habitants.
Pour ce scrutin, de nombreux partis politiques font de l’environnement un enjeu primordial pour leur campagne. L’exemple de LREM, qui place Pascal Canfin, ancien président de WWF, en deuxième position sur sa liste, est significatif.
« Sur tous les sujets écologiques, le Parlement européen est essentiel. Ce n’est pas pour rien que 80 % des règles environnementales que l’on applique en France viennent de l’Europe. La mère des batailles, elle est là. » – Pascal Canfin
La liste LREM défend également la sortie du glyphosate d’ici 2021 (le pesticide avait été renouvelé pour 5 ans en 2017), et la réduction de l’utilisation de pesticides nocifs par deux d’ici 2025. Elle fixe aussi l’objectif de sortir des hydrocarbures d’ici 2050.
Yannick Jadot, tête de liste pour Europe Ecologie Les Verts, propose quand à lui la mise en place d’un nouveau traité concernant l’environnement, qui devra imposer à tous les Etats membres une réglementation plus stricte pour encourager à légiférer pour protéger l’environnement. Entre autre, EELV souhaite également une énergie 100% renouvelable d’ici 2050.
La France Insoumise, quand à elle, porte le projet d’instaurer un règlement européen en faveur de l’écologie, la “règle verte” : elle impose la nécessité de « ne pas prélever sur la nature plus de ressources renouvelables que ce qu’elle peut reconstituer, ni de produire plus que ce que la nature peut supporter », et passerait par l’alignement des objectifs européens en matière d’énergie sur l’Accord de Paris. Cet accord international, entré en vigueur fin 2016, fixe notamment l’objectif de maintenir en dessous de 2 degrés le réchauffement climatique d’ici 2100.
La liste LR propose de son côté un objectif zéro carbone d’ici 2050, et la liste PS une sortie du charbon et du diesel d’ici 2030.
Si certaines de ces promesses électorales peuvent parfois paraître trop ambitieuses, elles semblent néanmoins aller dans le sens d’une évolution de la législation sur les questions environnementales : il reste beaucoup à faire en Europe pour la planète, et c’est aux élections que se joue l’avenir des politiques européennes concernant la biodiversité et le climat !
Source:https://www.fournisseur-energie.com/actualites/elections-europeennes-environnement/