La semaine dernière, les actions se sont repliées alors que la politique monétaire dominait l’actualité. Nous aurons cette semaine le «Super jeudi» des banques centrales, la Banque nationale suisse (BNS), la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne (BCE) agissant toutes à la même date. Un jour plus tôt, la Réserve fédérale américaine annoncera également sa décision sur les taux. Elle devra tenir compte des signes de ralentissement du marché du travail (même si ce dernier se tient bien) et d’une inflation toujours soutenue, la hausse mensuelle des prix à la production s’étant avérée plus importante qu’attendu en novembre. Par ailleurs, l’indice des prix à la consommation de novembre sera scruté par les investisseurs, désireux de savoir si la hausse des prix des services demeure menaçante. La Fed devrait se contenter de relever ses taux de 50 pb, contre 75 pb précédemment,mais pourrait conserver un ton agressif.
Nous tablons en outre sur des hausses de 50 pb de la part de la BNS et de la BCE. Cette dernière devrait préciser ses intentions en matière de resserrement quantitatif, notamment à propos de la liquidation de ses quelque 5000 milliards d’euros d’encours d’obligations. Les rendements des obligations européennes pourraient augmenter en raison du volume des émissions. Nous anticipons une compression des écarts de rendement entre les emprunts d’Etat américains et européens, mais restons négatifs à l’égard des obligations des Etats périphériques de la zone
euro. Néanmoins, alors que l’Allemagne prévoit d’importantes dépenses budgétaires pour faire face à une situation économique difficile, même le statut de valeur refuge du Bund est remis en question. La BCE a montré l’exemple dans la lutte contre les pressions salariales, en proposant à son personnel une augmentation limitée à 2% (les syndicats ont brandi la menace d’une grève en signe de protestation).
La semaine dernière, la Commission nationale de la santé chinoise a apporté des éclaircissements sur les perspectives de réouverture, avec un assouplissement important des contrôles sanitaires pour l’accès à la plupart des lieux publics, ainsi que pour les voyages intérieurs. Les indicateurs à haute fréquence indiquent un rétablissement progressif de l’activité. Mais la réouverture pourrait s’avérer compliquée, car la majorité de la population n’a pas encore été immunisée contre le covid. Dans le même temps, les données du commerce chinois pour le mois de novembre ont été très faibles. Nous anticipons un nouveau ralentissement de l’augmentation des exportations dû au recul de la demande extérieure, tandis que l’inflation surprenait à la baisse en novembre en raison de la faiblesse de la demande intérieure. Mais la réouverture prochaine, après plusieurs années de contre-performance, laisse entrevoir des opportunités d’investissement tactique en Chine. Le triplement des investissements du fabricant de puces taïwanais TSMC en Arizona (USD 40 mia) confirme notre thème du «friend-shoring» («délocalisation dans des pays amis») pour 2023, qui se reflète également dans la visite du président Xi en Arabie saoudite et l’annonce d’accords commerciaux impliquant Huawei, Saudi Aramco et Sinopec. Les tentatives de coup d’Etat avortées en Allemagne et au Pérou, ainsi que les commentaires de Vladimir Poutine concernant les risques croissants de conflit nucléaire, incitent néanmoins à la prudence.
César Pérez Ruiz, Chief Investment Officer Pictet Wealth Management.