Michel Klompmaker
Il fallait que cela arrive, vous venez de devenir un ministre des finances populaire, mais le Ministère public va saisir votre plus grande banque d’État en tant que suspect présumé de pratiques de blanchiment d’argent. Le plaisir est différent, d’autant plus que, immédiatement après l’annonce du premier jour, environ deux milliards d’euros se sont évaporés en tant que valeur boursière de la même banque d’État, dont la majorité, environ 56%, est encore toujours entre les mains de l’État. Mais il y a bien sûr plus, comme la succession de l’actuel CEO de la banque ABN Amro, Kees van Dijkhuizen (voir photo), le poste vacant à la suite du départ de Merel van Vroonhoven de l’Autorité néerlandaise des marchés financiers et le souhait apparemment présent à l’OM pour pouvoir effectuer un autre méga-arrangement après le tour d’ING Bank l’année dernière.
La banque ABN Amro a elle-même rapporté l’incident dans un court communiqué de presse le 25 septembre, dans lequel il était indiqué que le Ministère public néerlandais avait informé ABN Amro que la banque faisait l’objet d’une enquête sur les exigences de la Loi sur la prévention du blanchiment et du terrorisme. Le même rapport indiquait que la banque coopérerait pleinement à l’enquête. Cette situation est quelque peu triste, car plus d’une semaine avant on annonçait que la banque, de concert avec les banques ING, Rabobank, Triodos Bank et de Volksbank, enquêterait sur la possibilité de créer une organisation commune pour monitorer les opérations de paiement, dont la dénomination était même déjà connue, à savoir Transaction Monitoring Pays-Bas. L’intention est que les banques mènent conjointement des recherches au cours des six prochains mois sur, entre autres, la faisabilité technique et les obstacles juridiques éventuels d’une organisation commune qui surveille les transactions de paiement. Pour l’efficacité de la lutte contre le blanchiment de capitaux, il est apparemment nécessaire de parvenir à une approche nationale. Pour cette raison, les banques soutiennent le Plan d’action contre le blanchiment de capitaux présenté par les ministres Hoekstra (Finances) et Grapperhaus (Justice et Sécurité) il y a deux mois. Le CEO de la banque ABN Amro, Kees van Dijkhuizen, a déclaré à cet égard: “ La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme est une de nos grandes priorités. Je suis très heureux que nous fassions le premier pas avec les autres banques pour mettre en place une organisation capable de monitorer les transactions de paiement. Il s’agit d’une étape importante pour protéger l’intégrité du système financier néerlandais.”
Le ministère des Finances est actuellement coincé
Dans l’intervalle, le ministère des Finances est confronté à un problème structurel. La Cour des comptes a calculé que la nationalisation a coûté à l’État environ 24 milliards d’euros. Dans l’intervalle, cela fait deux ans que la troisième tranche a été lancée en bourse. Les banquiers veulent redevenir une banque commerciale « normale », sans l’intervention du gouvernement, mais d’un autre côté, il y a des chiffres très difficiles qui ne mentent pas. Début octobre 2018, le prix avoisinait encore les 24 euros, autour de 22 euros en avril 2019 et à la fin du mois de septembre dernier, le cours de l’action était tombé à un peu plus de 16 euros, la majorité (56%) restant encore toujours à l’Etat.
Le ministère des Finances a annoncé son intention de mettre ABN Amro Bank pleinement sur le marché le plus rapidement possible, mais le mot « possible » est important. Si la banque devait être amenée en bourse aujourd’hui dans des circonstances normales, cela coûterait à l’État plusieurs milliards d’euros, sans compter les dommages causés à la réputation. Les investisseurs doivent pouvoir compter sur de bons résultats à long terme grâce à une bonne gouvernance, mais les difficultés avec la commissaire Olga Zoutendijk ont également laissé leur marque. Incidemment, la banque verse environ 350 millions d’euros par an en « regulatory levies” (prélèvements réglementaires).