Pour la BCE, le temps des cerises, c’est fini
La Banque Centrale Européenne a 15 ans. Elle a presque perdu sa virginité. Bientôt, cette institution, qui est le prêteur en dernier ressort, devra perdre son insouciance monétaire et verra se déchirer l’hymen de son interdit statutaire : la BCE devra réescompter des dettes publiques en grandes quantités, voire devenir le comptoir d’escompte des pays faibles.
La survie de l’euro est à ce prix. Mais la BCE le fera aussi pour contrer la récession, combattre la déflation alors que l’inflation est tombée en-dessous de 2 % depuis 21 mois, aider les Etats au financement de leurs insupportables dettes publiques et contribuer à la fluidité monétaire du secteur bancaire. Ce sera d’ailleurs la seule manière d’alléger le bilan de ces banques et de réorienter le crédit vers l’économie productive.
Mais la BCE le fera aussi parce que la monnaie et la dette publique relèvent de la même symbolique, à savoir le privilège régalien de l’expression monétaire. Depuis longtemps, il est devenu illusoire que les travailleurs de demain devront rembourser la dette collective passée. Cette dette sera remboursée par l’inflation d-et des rééchelonnements auxquels la BCE donnera son soutien. Pour la BCE, le temps de l’enfance, de la candeur et des cerises est révolu.
La vraie commence, celle de l’intimité et de la réunion entre la dette publique et la création monétaire.