La Commission européenne a infligé à Valve, propriétaire de la plateforme de jeux sur PC en ligne «Steam», et aux cinq éditeurs Bandai Namco, Capcom, Focus Home, Koch Media et ZeniMax des amendes d’un montant total de 7.8 millions d’euros pour avoir enfreint les règles de l’Union européenne en matière de pratiques anticoncurrentielles. Valve et les éditeurs ont restreint les ventes transfrontières de certains jeux vidéo sur PC sur la base de la localisation géographique des utilisateurs au sein de l’Espace économique européen (EEE), se livrant ainsi à des pratiques dites de «blocage géographique». Les amendes infligées aux éditeurs, d’un montant total de plus de 6 millions d’euros, ont été réduites en raison de la coopération de ces derniers avec la Commission. Valve a choisi de ne pas coopérer avec la Commission et s’est vu infliger une amende de plus de 1.6 million d’euros.
Mme Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence, a déclaré: «Plus de 50 % des Européens âgés de 6 à 64 ans jouent à des jeux vidéo. L’industrie européenne des jeux vidéo a le vent en poupe et pèse actuellement plus de 17 milliards d’euros. Les sanctions adoptées aujourd’hui contre les pratiques de «blocage géographique» de Valve et de cinq éditeurs de jeux vidéo sur PC rappellent qu’en vertu du droit de la concurrence de l’UE, il est interdit aux entreprises de restreindre contractuellement les ventes transfrontières. De telles pratiques privent les consommateurs européens des avantages du marché unique numérique de l’UE et de la possibilité de comparer les prix afin de trouver l’offre qui leur convient le mieux dans l’UE.»
Steam, qui propose plus de 35 000 jeux dans le monde entier, est l’une des plus grandes plateformes de jeux vidéo sur PC en ligne au monde. Elle permet aux utilisateurs, après authentification, de procéder directement au téléchargement ou au chargement en flux continu de jeux vidéo sur PC. Elle permet également aux utilisateurs qui achètent des jeux vidéo sur PC par d’autres canaux, soit dans des magasins physiques (par exemple sur DVD), soit numériquement par téléchargement à partir de sites web tiers, de les activer et d’y jouer sur Steam.
Valve fournit aux éditeurs de jeux vidéo les moyens techniques permettant d’activer des jeux vidéo et d’y jouer sur Steam, y compris les jeux achetés ailleurs que sur cette plateforme, grâce aux «clés d’activation de Steam». Les éditeurs incluent ces clés dans leurs jeux vidéo sur PC pour l’authentification de l’utilisateur/activation. Ces jeux vidéo sur PC sont ensuite vendus par des distributeurs tiers dans l’ensemble de l’EEE. Valve propose également aux éditeurs une fonction de contrôle territorial, qui permet la mise en place de restrictions géographiques lors de l’activation. La combinaison des clés d’activation Steam et de la fonction de contrôle territorial permet le «blocage géographique» des jeux vidéo sur PC en fonction de la localisation géographique de l’utilisateur.
Les éditeurs de jeux vidéo ont accordé à Valve une licence non exclusive pour l’exploitation de certains jeux vidéo sur PC à l’échelle mondiale, y compris dans l’ensemble de l’EEE. À leur tour, les éditeurs ont obtenu de Valve une licence pour l’utilisation de clés d’activation Steam en vue de la distribution de ces jeux vidéo sur PC en dehors de Steam. Les éditeurs ont demandé à Valve de mettre en place des restrictions géographiques et de fournir des clés d’activation Steam géo-bloquées. Les éditeurs ont fourni ces clés à leurs distributeurs pour la vente et la distribution des jeux vidéo sur PC dans les États membres concernés. En conséquence, les utilisateurs situés en dehors d’un État membre désigné ne pouvaient pas activer certains jeux vidéo sur PC à l’aide des clés d’activation Steam.
Les pratiques de blocage géographique
La Commission a constaté qu’en convenant bilatéralement de pratiquer le blocage géographique de certains jeux vidéo sur PC en dehors d’un territoire spécifique, Valve et chacun des éditeurs ont cloisonné le marché de l’EEE en violation des règles de l’UE en matière de pratiques anticoncurrentielles. En particulier, les décisions adoptées aujourd’hui concluent que Valve et les éditeurs se sont livrés aux pratiques de blocage géographique suivantes:
- accords bilatéraux et/ou pratiques concertées entre Valve et chacun des cinq éditeurs de jeux vidéo sur PC, mis en œuvre au moyen de clés d’activation de Steam géo-bloquées, lesquelles ont empêché l’activation de certains des jeux vidéo sur PC de ces éditeurs en dehors de la Tchéquie, de la Pologne, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Slovaquie, de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie, en réaction à des demandes non sollicitées (dites «ventes passives»). Ces derniers ont duré entre un et cinq ans et ont été mis en œuvre, selon les cas, entre septembre 2010 et octobre 2015;
- pratiques de blocage géographique sous la forme d’accords de licence et de distribution conclus bilatéralement entre quatre des cinq éditeurs de jeux vidéo sur PC (à savoir Bandai, Focus Home, Koch Media et ZeniMax) et certains de leurs distributeurs respectifs de jeux vidéo sur PC dans l’EEE (autres que Valve), contenant des clauses qui restreignaient les ventes (passives) transfrontières des jeux vidéo sur PC concernés dans l’EEE, notamment dans les pays d’Europe centrale et orientale susmentionnés. Ces dernières ont généralement duré plus longtemps, soit entre trois et 11 ans, et ont été mises en œuvre, en fonction de la relation bilatérale, entre mars 2007 et novembre 2018.
Les pratiques de blocage géographique concernaient une centaine de jeux vidéo sur PC de genres différents, notamment des jeux de sport, de simulation et d’action. Elles ont empêché des consommateurs d’activer des jeux vidéo sur PC vendus par les distributeurs des éditeurs, soit sur des supports physiques, comme des DVD, soit par téléchargement, et d’y jouer. Ces pratiques commerciales ont donc empêché les consommateurs européens de profiter des avantages du marché unique numérique de l’UE en procédant à une comparaison des prix de façon à trouver l’offre qui leur convenait le mieux.
La Commission a conclu que les pratiques illégales de Valve et des cinq éditeurs ont cloisonné le marché de l’EEE en violation des règles de l’UE en matière de pratiques anticoncurrentielles.