Cet article analyse les différents enjeux liés à l’endettement public dans un contexte de faibles taux d’intérêt, de même qu’il évalue la sensibilité des charges d’intérêts sur la dette de l’État fédéral en Belgique en cas de remontée plus ou moins marquée des taux d’intérêt dans le futur. L’endettement public est élevé en Belgique, à 102 % du PIB en 2018. Cette dette a fortement augmenté depuis la crise financière, ce qui a également été le cas dans d’autres pays de la zone euro.
Le désendettement des administrations publiques belges reste lent. Selon les perspectives macroéconomiques les plus récentes de la Banque, qui se basent sur l’hypothèse d’une politique inchangée, le taux d’endettement devrait rester supérieur à 100 % du PIB dans les années à venir. Néanmoins, les charges d’intérêts payées sur la dette n’ont cessé de diminuer ces dernières années. C’est la conséquence d’une baisse marquée des taux d’intérêt, qui sont aujourd’hui à leur plus bas niveau historique dans la plupart des pays européens. Les autorités belges bénéficient, elles aussi, de conditions de financement extrêmement favorables. Le coût de financement de leur dette n’a jamais été aussi bas qu’actuellement. Les faibles taux d’intérêt ont enrayé le risque d’un effet boule de neige des charges d’intérêts sur la dette publique. La situation actuelle de taux d’intérêt très bas – voire négatifs – ne peut toutefois être considérée comme normale à moyen et à long termes, et il serait imprudent de fonder la politique budgétaire et la gestion de la dette sur l’hypothèse de la poursuite de ces conditions de financement favorables.
Maturité résiduelle
Les gestionnaires de la dette publique fédérale ont profité de cet environnement de taux bas pour faire passer la maturité résiduelle de la dette de six ans en 2010 à environ dix ans en 2019. Ce n’est pas un phénomène propre à la Belgique, même si celui-ci y est relativement plus prononcé qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE et de la zone euro. Cette stratégie a limité les risques de refinancement, et elle présente indubitablement des avantages au cas où les taux d’intérêt du marché viendraient à grimper dans les années à venir. Cela implique également des coûts à court terme. Il ressort de cette étude que, pour que l’allongement apparaisse, à terme, comme une stratégie plus adéquate que ne l’aurait été le maintien de la maturité résiduelle de la dette à son niveau de 2010, il suffit d’une hausse modérée mais persistante des taux d’intérêt.
L’abaissement de la dette publique doit demeurer l’objectif central de la politique budgétaire en Belgique. Cette dette rend en effet la Belgique vulnérable à une augmentation des taux, qui peut être attendue à terme. En outre, les marchés financiers semblent plus attentifs que durant la période qui a précédé la crise financière aux risques d’un manque de discipline budgétaire ainsi que de finances publiques insoutenables, et ces préoccupations se traduisent dans les taux d’intérêt. Un repli progressif du taux d’endettement permettrait d’éviter que ne s’exerce une pression haussière sur les écarts de taux des obligations publiques belges par rapport aux emprunts publics allemands et aux titres publics d’autres pays de la zone euro considérés comme sûrs. Il serait donc opportun d’affecter les marges budgétaires résultant du faible niveau des taux d’intérêt à l’assainissement des finances publiques ainsi qu’à la réalisation d’un solde primaire suffisamment élevé pour réduire tant le déficit public que la dette publique.
Source: BNB