La politique monétaire ne peut plus être le principal moteur de la croissance économique, et d’autres leviers de politique publique doivent être actionnés pour faire en sorte que l’économie mondiale connaisse une dynamique durable, indique la Banque des Règlements Internationaux (BRI) dans son Rapport économique annuel. Dans sa publication phare, la BRI appelle à un meilleur équilibre entre politique monétaire, réformes structurelles, politique budgétaire et mesures macroprudentielles. L’économie mondiale pourrait ainsi s’éloigner du modèle de croissance fondé sur la dette qui risque d’affronter des turbulences.
« Pour trouver la voie vers un horizon dégagé, il faut équilibrer rapidité et stabilité et garder du carburant afin de faire face à de possibles vents contraires », souligne Agustín Carstens, le Directeur Général de la BRI. « Assurer une trajectoire de vol soutenable nécessite de mettre enfin en marche les quatre moteurs de la politique publique plutôt que de recourir à court terme au turboréacteur. »
Dans son rapport, la BRI note que, si la croissance mondiale a connu un passage à vide l’année dernière, la résilience des services et le dynamisme du marché du travail sont à même de soutenir la croissance à court terme. L’augmentation de l’emploi et la solidité des hausses de salaire ont tiré la consommation. Des risques non négligeables n’en demeurent pas moins, qu’il s’agisse des tensions commerciales ou de l’accroissement de la dette, notamment celle des entreprises de certaines économies.
« Si les tensions commerciales assombrissent les perspectives de la demande et de l’investissement, elles soulèvent aussi des questions quant à la viabilité des structures actuelles de chaîne d’approvisionnement et à l’avenir même du système commercial mondial », souligne A. Carstens. « Les guerres commerciales ne font pas de gagnants ».
Au nombre des autres risques pesant sur les perspectives figurent la faible rentabilité des banques dans plusieurs économies avancées et le désendettement de certaines grandes économies de marché émergentes, et en particulier de la Chine. Les mesures nécessaires qui y ont été prises pour contenir la croissance du crédit agissent comme un frein sur l’activité.
Compte tenu de leur sensibilité plus prononcée aux conditions financières mondiales et aux flux de capitaux qui en résultent, les EME ont dû faire face, depuis le début de la crise financière, à de forts effets de contagion de la politique monétaire accommodante menée dans les économies avancées. L’un des chapitres du Rapport économique annuel analyse la manière dont les cadres de politique monétaire des EME ont visé à traiter les arbitrages qui en résultent. Ces cadres associent généralement ciblage de l’inflation et interventions sur les changes, et sont complétés par des mesures macroprudentielles destinées à remédier à l’accumulation de vulnérabilités financières. « Ce type de politique à outils multiples n’est pas encore bien ancré conceptuellement. En termes de politique monétaire, la pratique des EME a dépassé la théorie. Celle-ci doit rattraper son retard », observe Claudio Borio, Chef du Département monétaire et économique de la BRI.
Un chapitre sur les Big Tech dans la finance a été publié le 23 juin. S’agissant des résultats financiers de la BRI, qui figurent dans son Rapport annuel 2018-19, le total du bilan s’est établi à 291,1 milliards de DTS (403,7 milliards d’USD) à fin mars 2019, et le bénéfice net, à 461,1 millions de DTS (639,5 millions d’USD).
Source: BRI