Depuis le début de l’année, les marchés sont perturbés par les inquiétudes concernant la croissance en Chine et dans d’autres économies de marché émergentes, mais aussi par des doutes sur la santé des grandes banques internationales.
« À un moment ou à un autre, la tension entre le calme des marchés et les fragilités économiques sous-jacentes allait devoir se dénouer. Ce dernier trimestre, nous avons peutêtre vu le début de cette résolution », a déclaré Claudio Borio, Chef du Département monétaire et économique de la BRI.
L’édition de mars 2016 du Rapport trimestriel de la BRI :
- relate l’émergence des turbulences sur les marchés financiers et leur extension depuis le début de 2016 ;
- montre que les flux financiers mondiaux ont ralenti au second semestre de 2015, annonçant peut-être le point de retournement de la liquidité mondiale. Les créances transfrontières des banques sur les économies de marché émergentes ont diminué au troisième trimestre et l’encours des titres de créance internationaux a connu sa plus forte chute depuis trois ans, reculant de $47 milliards au quatrième trimestre 2015. Sur les marchés émergents, les émissions nettes n’ont pratiquement pas varié au second semestre 2015 ;
- propose un autre point de vue sur la diminution des prêts bancaires transfrontières à la Chine, le principal déterminant de la chute des créances transfrontières sur les économies émergentes. Cette analyse explique que les sorties de capitaux reflètent avant tout la contraction des dépôts extraterritoriaux en renminbi et le remboursement par les entreprises chinoises de leur dette en devises, tant en Chine qu’à l’étranger.
Hyun Song Shin, Conseiller économique et Chef de la recherche, estime que « la contraction des dépôts en renminbi hors de Chine, associée au remboursement par les entreprises chinoises de leur dette en devises, reflète le dénouement des opérations de portage de devises et explique la pression à la baisse sur la monnaie chinoise. Cela montre aussi pourquoi, en période de tensions, le renminbi s’échange hors de Chine à un taux moins élevé qu’en Chine. »
Quatre études examinent une série de questions économiques, financières et relatives à l’action des pouvoirs publics.
- Morten Bech et Aytek Malkhozov (BRI)* constatent que, jusqu’à présent, les taux directeurs légèrement négatifs ont transmis leurs effets aux taux du marché monétaire plus ou moins de la même manière que des taux positifs. Mais la transmission aux principaux taux bancaires est inégale, et l’avenir est très incertain pour ce qui est du comportement qu’adopteront les particuliers, les établissements financiers et les entreprises non financières si les taux poursuivent leur trajectoire en territoire négatif ou y demeurent pendant une longue période.
- Dietrich Domanski, Michela Scatigna et Anna Zabai (BRI)* explorent les tendances récentes des inégalités de richesse des ménages. Leurs simulations laissent penser que les inégalités de richesse se sont aggravées dans les économies avancées qui étaient au cœur de la Grande Crise financière. Il semblerait que, en poussant le cours des actifs à la hausse, la politique monétaire ait exercé sur les inégalités deux pressions en sens contraires : une réduction, par la hausse des prix de l’immobilier, et un accroissement, par l’augmentation du cours des actions.
- Patrick McGuire et Goetz von Peter (BRI)*, ayant étudié les déterminants de la contraction du crédit bancaire pendant et après la Grande Crise financière, ont constaté que les banques qui se finançaient sur le marché local pour fournir du crédit à leurs emprunteurs s’avéraient être les plus stables depuis la crise.
- À partir d’une enquête récente sur les grandes plateformes de négoce électronique, Morten Bech, Anamaria Illes, Ulf Lewrick et Andreas Schrimpf (BRI)* se penchent sur l’utilisation croissante du négoce électronique et automatisé sur les marchés des titres à revenu fixe. Un important élément récent est le développement du négoce électronique des obligations d’entreprise, qui a plus que doublé sur les cinq dernières années.
Les opinions exprimées sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de la BRI.
Source : BIS