La faiblesse des prix du pétrole et les tensions géopolitiques affaibliront à nouveau la croissance économique russe en 2016. La chute spectaculaire des prix du pétrole et la politique de sanctions financières et économiques de l’U.E. se sont avérées néfastes pour l’économie russe en 2015 et ont fait grimper le P.I.B. de plus de 4% sur une base annuelle aux deuxième et troisième trimestres.
Concernant la demande intérieure, nous constatons que tant les entreprises que les particuliers russes sont restés économes en 2015. Les dépenses des consommateurs sont sérieusement limitées par l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat du consommateur, tandis que pour la deuxième année consécutive, les investissements des entreprises ont fléchi en raison de la baisse des prix du pétrole et de la croissance décevante du commerce mondial. Les investissements étrangers sont presque retombés au niveau le plus bas depuis fin 2005 en raison des actions militaires russes en Ukraine, puis en Syrie.
En octobre, les pouvoirs publics ont publié leurs projections économiques pour 2016: le prix du pétrole devrait se stabiliser aux environs de $50 le baril, et la croissance du P.I.B. devrait être positive, avec 0,7% sur une base annuelle. Ce pronostic semble relativement optimiste, vu le plongeon récent des futures pétroliers et la recrudescence des tensions diplomatiques et militaires entre la Turquie et la Russie, qui menacent, l’année prochaine encore, de dissuader les investisseurs étrangers. Il ne faut en tout cas pas compter sur le consommateur russe pour tirer l’économie du gouffre en 2016. En raison de l’inflation démesurée (taux annuel de 15 % en novembre), le revenu disponible réel a reculé en moyenne de 3,2% en 2015, ce qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. Selon nous, l’économie russe devrait dès lors se contracter à nouveau en 2016 pour la deuxième année consécutive, quoique moins qu’en 2015.
Dr. Geert Gielens, Chief Economist Belfius