Frédéric Rollin
Plus d’inflation, moins de croissance, les marchés en tiennent-ils vraiment compte? La confusion règne dans les chaînes de production et d’approvisionnement. D’un côté, les prix du cuivre se sont stabilisés et le coût du transport maritime recule. Mais les prix agricoles remontent fortement et la Chine vient d’annoncer de nouvelles restrictions. La production industrielle souffre de pénurie, la croissance ralentit et les craintes d’inflation durent plus longtemps que prévu. Le mot «stagflation» n’a jamais été aussi présent sur les moteurs de recherche.
Les deux roues du cycle
Le cycle économique devrait rester solide. Les consommateurs des pays développés sont en agrégé dans une situation financière très favorable. Ils ont fortement épargné lors des confinements et ont bénéficié de subventions importantes. Pour le ménage américain moyen, le poids de la dette n’a jamais été aussi léger depuis les années 80. De plus, les inventaires des entreprises sont très faibles. Demande solide, reconstitution des stocks, le cycle économique devrait continuer de rouler à vive allure dans les trimestres qui viennent.
Inflation trottinante
La possibilité d’une inflation galopante semble faible. Aux Etats-Unis, les salaires grimpent par manque de main d’œuvre, mais les enquêtes montrent que la plupart de ceux qui manquent aujourd’hui à l’appel pensent rechercher un emploi dans les 12 prochains mois, lorsqu’ils pourront remettre leurs enfants à l’école, qu’ils auront moins peur d’être malades ou qu’ils ne bénéficieront plus d’aides. Toutefois, si on tient compte de la lenteur du recul de l’épidémie et de la force de la demande, l’inflation américaine restera plutôt élevée en 2022.
En conséquence, soyons prudents sur les marchés obligataires.
Actions européennes: le vent en poupe
Une préférence pour les actions de l’Eurozone aux actions américaines. Alors que la Réserve fédérale resserre sa politique monétaire, la BCE devrait rester sur ses rails en 2022: pas de resserrement, mis à part éventuellement quelques mineurs ajustements. La prédiction est d’ailleurs que l’inflation redescendra en dessous de 2% en Europe en 2022.
De plus, la croissance européenne reste solide et les taux obligataires proches de zéro.
Actions chinoises: trop tôt
L’activité chinoise est en train de plonger. Depuis l’arrivée du variant Delta en Chine, les vagues épidémiques sont plus fréquentes et la politique zéro Covid plus coûteuse. L’immobilier chinois, qui représente une part importante de l’économie du pays, connaît de grandes difficultés. Des promoteurs importants font faillite ou se trouvent au bord du précipice. Pourtant, la politique monétaire reste sévère. La banque centrale est préoccupée par l’endettement des entreprises et ne souhaite pas relâcher la pression, au grand dam des investisseurs en actions.
Il semble donc encore trop tôt pour revenir sur les actions chinoises, même si elles gardent un potentiel important pour un investisseur de long terme.
Énergies propres
Le réchauffement climatique est au centre des préoccupations des populations et des politiques. Les plans européens sont développés progressivement et un plan important d’infrastructures est en train d’être voté aux Etats-Unis. Restons positifs sur les entreprises qui participent à la lutte contre les émissions de CO2: isolation des habitations, efficacité énergétique, mobilité électrique…
L’essentiel à retenir
Conservons une préférence pour les actions européennes. Les actions chinoises restent attractives pour un investisseur patient. Mais ce marché devrait connaître quelques turbulences avant de se ressaisir. Le secteur des énergies propres connaîtra une forte demande dans les années qui viennent.
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Frédéric Rollin, Senior Investment Adviser.