Trois crises majeures nous attendent
Il y a 15 ans, lors de l’effondrement bancaire et boursier, je dirigeais la Bourse de Bruxelles. Ce choc m’a tellement sidéré que j’ai fait une suppression de souvenirs. Mais, en même temps, pour mettre mes idées en place, j’avais publié un essai intitulé « 2008 : l’année du krach », à la suite de la chute de Lehman Brothers. La rupture m’avait semblé abyssale et j’en garde le sentiment d’une année charnière. Dans cet écrit, l’importance du phénomène m’avait saisi par son ampleur. J’écrivais : « Cette crise est trop soudaine et profonde pour être un accident conjoncturel. Elle présente un aspect structurel, presque référentiel, dont il faut prendre la mesure. C’est une immersion brutale dans les réalités de l’économie de marché. Alors, que préfigure le krach de l’année 2008 ? Est-il un signe annonciateur ou un événement isolé ? Quels sont les nouveaux paradigmes ? La mutation vers une société de la connaissance et de l’immatériel ? La distribution mondiale des richesses suite à la mondialisation ? Les défis démographiques ? Alimentaires ? Écologiques ? ».
Si tant est que ces intuitions aient été correctes, je vois trois crises entremêlées et systémiques qui vont assaillir nos communautés.
Il y a la crise environnementale dont les effets vont s’amplifier. De surcroît, nous allons traverser une révolution technologique dont les effets sociaux sont incommensurables. Et ces bouleversements vont s’accrocher à une crise sociale qui va elle-même refléter notre exaspération devant nos propres dérives consuméristes et un sentiment d’avenir épuisé et borné et la peur de l’altérité et des flux migratoires, pourtant infimes, mais qui alimentent des passions et des exclusions.
Alors, finalement, il y a deux voies devant nous. Ou bien des pouvoirs autocratiques que nous croyons capables de rassurer nos angoisses au prix d’un alignement normatif et d’une obéissance à quelques individus qui dominent l’époque. C’est 1984 d’Orwell.
Ou bien nous cristallisons une immense intelligence démocratique et collective dans un débat ouvert. C’est compliqué, mais de nombreuses périodes de notre histoire en ont montré la possibilité, comme les années d’après-guerre.
Et cela a fonctionné.
Donc les défis de notre temps seront 1984 ou une renaissance.
Thierry JACQUEMIN Reageren
Bonjour, Professeur.
Nous revoici en contact quelques années (le temps passe si vite) après une agréable rencontre dans le cadre d’Euronext.
Après avoir lu votre intervention, il me semble que deux néologismes devraient retenir votre attention : l’ « éconologie » visant l’émergence d’une écologie déployant, à l’opposé de la décroissance, la génération de valeur économique responsable, et le « phénumanisme » veillant à promouvoir un nouvel humanisme de renaissance intégrant les développements technologiques et les nouvelles donnes sociologiques, dans une réflexion éthique proactive.
Ces néologismes sont deux des principes fondamentaux qui servent d’axes de développement à une nouvelle Fondation qui se met en place.
Deux autres axes de développement caractérisent la vocation de la Fondation. Ils visent la promotion d’une démocratie adaptée aux nouveaux défis existentiels : il s’agit, d’une part, du développement d’un sens critique des populations adapté aux pratiques manipulatoires et, d’autre part, du déploiement d’une information de masse, concrète, réaliste, argumentée, et privilégiant la (ré)génération d’espoir, de confiance et d’implication populaires.
Professeur, vous êtes le bienvenu si vous voulez en savoir plus.