Notre ordre du jour est très chargé. Les trois journées à venir seront extrêmement remplies. Je voudrais donc évoquer plus particulièrement certains sujets: l’impact économique de la crise, il en sera question. Nous examinerons bien sûr aussi le contexte international, et notre système fondé sur des règles. Nous nous pencherons également sur l’état mondial de l’éducation, la santé et, bien entendu, le climat. En ce qui concerne l’économie: nous commencerons, dans le cadre du G7, par faire le point de la situation, présenter notre vision des progrès accomplis par nos économies et discuter de ce que pourrait être la meilleure approche. Nous n’avons pas oublié, vous vous en rappellerez également, la menace que représentait la crise sanitaire il y a un an, et qu’elle représente encore aujourd’hui pour nos économies. Elle aurait pu engendrer une crise économique majeure. Si l’on considère l’Union européenne, il est intéressant de constater que nous avons géré les répercussions économiques de la pandémie, de cette crise, bien mieux par exemple que lors de la dernière grande crise, la crise financière de 2008.
Et pourquoi? Parce que l’Union européenne a tiré les leçons de la dernière grande crise et s’est dotée d’outils efficaces. Lorsque la pandémie et, dans son sillage, cette crise économique nous ont frappés, nous avons donc pu très rapidement établir un diagnostic des répercussions économiques. Nous nous sommes très vite mis d’accord sur les mesures nécessaires pour y remédier. Et nous avons donc pu agir avec force sur tous les fronts. En ce qui concerne les États membres, nous leur avons donné la possibilité d’agir vite, notamment grâce à la clause dérogatoire générale et à l’encadrement temporaire des aides d’État, et en flexibilisant entièrement le budget européen. Et nous avons permis au niveau européen d’agir avec détermination et rapidité, d’abord grâce à l’instrument SURE puis maintenant avec NextGenerationEU.
Et nous devrons nous intéresser au G7 dans son ensemble. Si l’on considère l’ensemble du soutien budgétaire et financier dans l’Union européenne, si l’on considère les plans ou ce qui a été fait en 2020, 2021 et 2022, le montant du soutien budgétaire est équivalent à 18% du PIB en Europe, ce qui est tout à fait du même ordre qu’aux États-Unis. Si l’on regarde les plans des États-Unis, le soutien budgétaire se monte à 20% du PIB en 2020, 2021 et 2022. Nous aborderons certainement ce sujet.
Un deuxième facteur important explique pourquoi nous nous en sommes mieux sortis cette fois-ci. En effet, lorsque la crise est arrivée, l’Union européenne venait de mettre en place ses plans concernant ses priorités: le Pacte vert pour l’Europe, la numérisation et la résilience. Or la crise a prouvé que nos priorités étaient les bonnes. Nos dépenses vont ainsi à des investissements dans la double transition verte et numérique, et en faveur de la résilience. Et notre plan était en place, nous avions notre feuille de route, et nous avons donc pu agir immédiatement.
Mais, bien sûr, nous sommes aussi des économies ouvertes, ce qui implique que notre prospérité dépendra de la réponse apportée par nos partenaires à la crise. J’attends donc avec impatience que le G7 confirme que le parallélisme de nos approches et, en particulier, le soutien budgétaire seront maintenus.
Pour en venir à présent au deuxième sujet, il est évident que le G7 va aussi se pencher sur les risques et menaces que notre environnement international fait peser sur la reprise. Et ici, deux points méritent qu’on s’y arrête. Premièrement, la résilience économique. En interne, là encore, nous avons mis au point, le mois dernier, nos outils pour nous prémunir contre les risques. Pour défendre une société ouverte et préserver les échanges économiques, mais pas à n’importe quel prix. Songez, par exemple, à notre boîte à outils pour la cybersécurité de la 5G ou au contrôle des exportations de biens à double usage, mais aussi au mécanisme de filtrage des investissements directs étrangers. Nous disposons à présent d’une proposition pour bloquer les subventions étrangères de nature à fausser la concurrence.
Le second point, bien sûr, est que nous veillerons au respect de nos valeurs. Nous voulons une coopération, nous voulons des échanges dynamiques, mais fondés sur le respect des valeurs démocratiques et des droits fondamentaux. Et pour cela aussi, nous avons conçu le mois dernier des outils, comme le régime mondial de sanctions de l’UE en matière de droits de l’homme ou encore la proposition d’instrument anticoercitif que nous présenterons prochainement. Sans oublier, bien sûr, tous les outils de notre approche de la numérisation centrée sur l’humain. Vous le savez: la législation sur les services numériques, la législation sur les marchés numériques et le règlement sur l’intelligence artificielle sont centrés sur l’humain. Nous savons que la Chine et la Russie sont une source particulière d’inquiétudes dans ce domaine. Et c’est pourquoi, enfin, les pays du G7 sont de nouveau unis dans leur détermination à protéger et à promouvoir leurs valeurs.
Le troisième sujet auquel nous nous intéresserons est donc la meilleure manière de défendre et de promouvoir nos valeurs. Et cela implique un multilatéralisme fort, qui soit fondé sur des règles. Avec le retour des États-Unis sur la scène mondiale, nous espérons vivement un soutien du G7 à une action efficace pour renforcer le multilatéralisme. Nous avons besoin que l’OMC dispose de règles efficaces, et pour cela, le G7 doit s’engager à contribuer à reformer l’organisation et tout son système de règles.
Nous devons aussi renforcer le partenariat du G7 avec les autres pays, notamment les pays en développement. Par exemple en matière de connectivité, comme nous en avons convenu avec le Japon et l’Inde, pour ne citer qu’eux. Là encore, une coordination entre partenaires du G7 peut contribuer à maximiser le retour sur nos investissements, d’un point de vue économique, mais aussi en matière de durabilité et sur le plan politique. Plus important encore que les investissements dans les infrastructures– et ils sont importants –, il faut investir dans les personnes.
Ici, permettez-moi de m’arrêter sur la priorité donnée par le G7 à l’éducation pour le développement. La COVID-19 a entraîné l’une des pires crises d’éducation de l’Histoire pour les enfants du monde entier. Et nous savons que, de ce point de vue, les filles et les jeunes femmes sont particulièrement exposées. Environ 11 millions de filles, de l’école maternelle ou secondaire, risquent de ne jamais retourner à l’école, avec toutes les conséquences que cela aura sur leur vie. C’est un legs amer de la COVID-19. Nous devons unir nos forces pour sécuriser les chances offertes aux filles et aux femmes.
Et c’est pourquoi l’Union européenne soutient fortement l’objectif d’obtenir la scolarisation de 40 millions de filles supplémentaires d’ici à 2026 et de faire en sorte que 20 millions de filles supplémentaires sachent lire avant leurs dix ans révolus ou avant la fin de l’école primaire. Pour cela, nous avons besoin de financements durables. Nous disposons déjà du Partenariat mondial pour l’éducation, mais celui-ci doit être soutenu, je l’ai dit, par des financements durables. J’ai le plaisir d’annoncer que la Commission européenne va en conséquence accroître sa contribution de 32%. Au titre du dernier cadre financier pluriannuel, nous avons versé 68 millions d’euros par an – 475 millions d’euros au total sur sept ans. À présent, nous allons porter notre contribution à 100 millions d’euros par an, ce qui représente un total de 700 millions d’euros sur les sept années que couvre notre cadre financier pluriannuel.
Mais nous n’oublierons pas non plus l’urgence la plus absolue, à savoir la lutte contre la faim. Là encore, la Commission européenne sera au rendez-vous en fournissant une nouvelle aide humanitaire de 250 millions d’euros pour lutter contre l’insécurité alimentaire aiguë au Sahel, en Afrique de l’Est, en République centrafricaine, au Soudan et en Éthiopie.
Revenons à la question de la santé. Nous souscrivons pleinement à l’objectif du G7 de venir à bout de la pandémie d’ici à 2022 en accélérant la vaccination mondiale. Depuis le début, l’Union européenne y a massivement contribué. Vous connaissez les chiffres. Depuis que les vaccins sont devenus disponibles, l’Union européenne a agi. Nous avons non seulement créé, au tout début, avec des amis, l’accélérateur ACT et COVAX, mais nous nous sommes aussi fortement engagés à cet égard. Et nous avons également veillé dès le départ à ce que la vaccination en Europe aille de pair avec des exportations vers le reste du monde.
Et nous avons de bonnes nouvelles. Aujourd’hui, en Europe, plus de 50% de la population adulte a reçu au moins une injection. Mieux encore, aujourd’hui, 100 millions d’Européens sont entièrement vaccinés. Nous y sommes parvenus sans jamais cesser d’exporter. Sur les 700 millions de doses produites dans l’Union européenne depuis décembre dernier, environ 350 millions de doses ont été exportées vers plus de 90 pays. Il y a quelques semaines, j’ai invité d’autres pays à participer aussi et à faire preuve d’ouverture. Je me réjouis de constater que le projet de communiqué reflète à présent cette évolution et il est très encourageant d’écouter les annonces potentielles des États unis.
Après 2022, il ne s’agira pas seulement de partager des vaccins, il faudra aussi développer les capacités de production en Afrique. Vous savez que l’Équipe Europe a d’ailleurs annoncé une aide de 1 milliard d’euros pour développer les capacités de production en Afrique. Il est important à cet égard d’apporter à l’Afrique la technologie de l’ARN messager non seulement pour les vaccins contre la COVID-19, mais aussi parce que cette technologie est très prometteuse pour d’autres maladies infectieuses, comme la tuberculose ou le paludisme, par exemple. Il existe donc d’extrêmement bonnes raisons de veiller à ce que différents pôles de production soient développés dans différentes régions d’Afrique.
Enfin, la question du climat: nous nous sommes engagés à limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius. Je me félicite que les pays du G7 poursuivent également cet objectif. Mais je veux être très claire: même un monde dont la température n’aura augmenté que de 1,5 degré Celsius par rapport à aujourd’hui sera bien pire que le monde d’aujourd’hui. L’adaptation doivent donc être un élément central de nos politiques climatiques, au sein de l’Union européenne, mais aussi, bien entendu, avec nos pays partenaires. Nous reconnaissons leurs besoins spécifiques. Et de fait, l’Union européenne consacre déjà près de la moitié de son financement au développement à des projets qui soutiennent à la fois le développement et l’adaptation au changement climatique.
Mais, par ailleurs, comme vous le savez, il y a ce financement en faveur de la lutte contre le changement climatique. Nous soutenons donc l’objectif du G7 de consacrer 100 milliards de dollars par an à ce financement en faveur du climat. L’Équipe Europe a toujours contribué à hauteur de 25 milliards de dollars au cours des trois dernières années. Et nous réaffirmerons notre engagement sur ce point aussi lors de la COP26 de Glasgow.