Europe, notre passé ou une histoire passée ?
Parfois, je ressens un effroi devant une perception de dégénérescence européenne. À ces moments, il faut bien sûr éviter de tomber dans la pathologie des théories déclinistes, qui accompagnent d’ailleurs toute l’évolution humaine. Mais, pourtant, des questions doivent être posées. Nous sommes un continent âgé et géré par des dirigeants qui ont, eux-mêmes, été imprégnés des dimensions morales européennes que les générations successives diluent. Ce qui était le passé de la mémoire des guerres devient l’histoire des plus jeunes. Ne sommes-nous pas ancrés dans des réalités disparues, à savoir celle d’un continent deux fois martyr des guerres et qui en avait tiré une certaine légitimité humaniste ? Le risque est donc que les fondements de l’Europe, à savoir la nécessité d’assurer la paix entre des pays qui partagent des frontières communes, soient progressivement disqualifiés.