Stefan Duchateau

Stefan Duchateau

Professeur de gestion des risques/Conseiller auprès de HU Bruxelles et Argenta

La vie dont nous rêvions

16 janvier 2024

Avant même que l’orchestre philharmonique de Vienne n’ait joué les dernières notes de la Marche de Radetzky[*1] sous les traditionnels applaudissements, la plupart des prévisions concernant l’année à peine entamée doivent généralement déjà être revues. Il serait vraiment surprenant que 2024 ne comporte pas son lot de rebondissements totalement imprévus, mettant rapidement au rebut la plupart des scénarios. Alors, pourquoi les économistes ressentent-ils à chaque fois le besoin de se ridiculiser en envoyant leurs prévisions élaborées au début de chaque nouvelle année, sachant que tout ce travail sera enterré sous les railleries en un rien de temps ? La raison est simple et l’objectif est utile : il est en effet essentiel de savoir où se situe le consensus sur l’évolution attendue des taux d’intérêt et des bénéfices des entreprises, la situation géopolitique et les prix des matières premières et de l’énergie, afin de savoir ce qui est déjà intégré dans les prix des actions et des obligations. Ce sont les écarts par rapport à ce cas standard qui provoquent des turbulences, des chocs et des fluctuations sur les marchés financiers. Le scénario attendu pour 2024 implique qu’en combinaison avec une reprise soutenue de la croissance au second semestre et une baisse importante des attentes en matière d’inflation, les banques centrales des États-Unis et de la zone euro disposeront d’une marge de manœuvre suffisante pour mettre en œuvre une réduction substantielle des taux directeurs. Continuer la lecture…

Allocution prononcée en mémoire de Jacques Delors

13 janvier 2024

Ursula von der Leyen :  « Nous célébrons ce soir le début d’une nouvelle année et le début de la présidence belge. Mais, alors que nous célébrons l’Europe ensemble ce soir, je souhaite rendre hommage à un grand Européen, à qui nous avons fait nos adieux ce matin: Jacques Delors, ancien président de la Commission. C’est ici même, au Palais des Beaux-Arts, qu’il avait voulu prononcer son discours testament, alors que son mandat à la tête de la Commission européenne touchait à sa fin. C’était il y a 30 ans. Par une sombre soirée d’hiver, exactement comme celle-ci, en présence du futur roi Philippe. À cette occasion, le public des Beaux-Arts l’avait gratifié d’une ovation à n’en plus finir. Il aimait Bruxelles, et Bruxelles l’aimait en retour. Continuer la lecture…

Le 30 e anniversaire de l’EEE

10 janvier 2024

Cette année, nous célébrons le 30e anniversaire de l’entrée en vigueur de l’accord sur l’Espace économique européen (EEE). L’Espace économique européen est un cadre sans équivalent qui couvre 30 États et un demi-milliard de personnes dans le plus grand marché intérieur du monde. Il repose sur des valeurs et des principes communs et constitue un facteur de stabilité politique et économique, ainsi que de prospérité et de sécurité sur le continent européen. Continuer la lecture…

L’UE envoie 500 groupes électrogènes supplémentaires en Ukraine

08 janvier 2024

L’UE prélève 500 groupes électrogènes supplémentaires dans ses réserves stratégiques rescEU afin de renforcer la résilience énergétique de l’Ukraine. La poursuite des attaques brutales perpétrées par la Russie a fragilisé les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Malgré les efforts déployés par les autorités locales, il est impossible de rétablir tous les réseaux électriques détruits depuis un an. Prélevés dans les réserves d’urgence rescEU de l’UE, hébergées en Pologne, les groupes ont une puissance comprise entre 12,5 kVA pour les plus petits et 1 000 kVA pour les plus grands, capables de fournir de l’énergie à des hôpitaux entiers en cas de coupure d’électricité. La valeur financière des 500 groupes envoyés en Ukraine est de 16,5 millions d’euros. Les générateurs seront fournis à différents ministères ukrainiens. L’objectif est de garantir un approvisionnement suffisant en électricité pendant les mois froids et sombres, mais aussi de de permettre le fonctionnement de services vitaux comme les hôpitaux, le traitement des eaux usées et les centrales de chauffage. Par exemple, 40 des 500 générateurs sont destinés à des écoles. Continuer la lecture…

Les conséquences des chocs énergétiques sur la stabilité financière à l’aune de l’épisode de 2022

05 janvier 2024
Banque de connaissances

Claire Brousse, Nicolas Même, Martin Saillard, Arthur Stalla-Bourdillon

Les entreprises énergétiques (producteurs, fournisseurs) sont soumises à des contraintes physiques et financières dont les risques associés peuvent être en partie réduits par recours aux marchés dérivés. Les acteurs financiers, dont les banques, jouent un rôle prépondérant dans le financement de ces activités et sont ainsi directement ou indirectement exposés aux chocs énergétiques. Le présent article décrit les mécanismes à l’œuvre au travers de l’impact du choc de la guerre en Ukraine sur la stabilité financière, dont le maintien est au coeur des missions d’une banque centrale. L’analyse met également en exergue le rôle des chambres de compensation dans la transmission du choc.L’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué une forte augmentation des prix du gaz et de l’électricité, ainsi que de leur volatilité. Continuer la lecture…

Évaluation des risques du système financier français

03 janvier 2024
Banque de connaissances

Le nouvel environnement de taux élevés constitue un changement de régime pour l’ensemble des agents, financiers comme non financiers. Après une phase d’ajustement rapide de la politique monétaire à partir de juillet 2022, les taux directeurs de la zone euro pourraient avoir atteint un plateau depuis septembre 2023. L’inflation, y compris sa composante sous-jacente, a en effet confirmé son reflux au second semestre 2023 même si elle reste encore trop élevée. Ces perspectives restent néanmoins conditionnées à l’absence de nouveau choc. Par ailleurs, les taux d’intérêt à long terme se montrent plus volatils dans ce nouvel environnement, comme l’a mis en évidence la hausse rapide observée à l’automne 2023 qui s’est plus que corrigée depuis. Jusqu’à présent, ces ajustements de taux se sont opérés de manière ordonnée pour les acteurs du système financier français, mais de nouveaux chocs macroéconomiques, géopolitiques ou encore des cyberattaques pourraient venir tester la résilience de certains acteurs. Les participants de marché semblent anticiper un atterrissage en douceur de l’économie, à savoir un retour de l’inflation vers sa cible sans récession. Une remise en cause de ces anticipations entraînerait d’importants mouvements sur les marchés, qui pourraient se traduire par des tensions de liquidité pour les intermédiaires financiers non bancaires les plus vulnérables. Une détérioration de l’environnement économique et des conditions de marché accentuerait les vulnérabilités financières des acteurs de l’économie réelle les plus endettés ; elle pourrait accroître le risque de crédit pour les intermédiaires financiers. Les banques et les assureurs français conservent néanmoins des bilans solides qui doivent leur permettre de faire face à ces risques tout en préservant le bon financement de l’économie. Continuer la lecture…

Le début d’une nouvelle ère pour l’imposition des sociétés dans l’UE

01 janvier 2024
Banque de connaissances

Les nouvelles règles novatrices de l’UE, qui introduisent un taux minimum d’imposition effective de 15 % pour les entreprises multinationales actives dans les États membres de l’UE entrent, en vigueur ce jour. Ce cadre apportera davantage d’équité et de stabilité au paysage fiscal au sein de l’UE et au niveau mondial, tout en le rendant plus moderne et mieux adapté au monde numérique mondialisé actuel. L’entrée en vigueur des règles relatives à l’imposition minimale effective, approuvées à l’unanimité par les États membres en 2022, formalise la mise en œuvre par l’UE des règles du «pilier 2» convenues dans le cadre de l’accord mondial sur la réforme de la fiscalité internationale en 2021.
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Photo : Margrethe Verstager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence.

1,3 milliard d’euros destiné à soutenir les technologies ne faisant pas appel aux combustibles fossiles

27 décembre 2023

La Commission européenne a autorisé, en vertu des règles de l’UE en matière d’aides d’État, un régime français de 1,3 milliard d’euros destiné à soutenir le développement de technologies de flexibilité ne faisant pas appel aux combustibles fossiles afin de garantir l’adéquation entre l’offre et la demande d’électricité lors des pics de consommation. La mesure contribue à la sécurité de l’approvisionnement en électricité et à la décarbonation de l’économie, conformément aux objectifs stratégiques de l’UE liés au pacte vert pour l’Europe. La France a notifié à la Commission ses plans visant à assortir son mécanisme de capacité d’un régime destiné à développer des technologies de flexibilité présentant un bon rapport coût-efficacité et ne faisant pas appel aux combustibles fossiles. L’objectif est de faire en sorte que l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité soit maintenu aux heures de pointe, par exemple en période hivernale, ce qui constitue une condition nécessaire à l’intégration des sources d’énergie renouvelables variables dans le système. Continuer la lecture…

Les travailleurs âgés et les décisions de retraite en Belgique : analyse basée sur des données d’enquête

23 décembre 2023

En Belgique, diverses réformes ont encouragé des carrières plus longues et tiré vers le haut le taux d’emploi des travailleurs âgés de 55 à 64 ans, de 25 % en 2002 à près de 60 % en 2022. Les seniors sont principalement occupés dans les secteurs de la santé, l’industrie et l’enseignement, et travaillent davantage à temps partiel. Seulement 9 % des nouvelles embauches ont plus de 50 ans. Les variables qui sont liées au départ à la retraite sont principalement celles de l’éligibilité à la pension, c’est-à-dire l’âge et la durée de carrière, mais des facteurs tels que le manque de soutien hiérarchique et la pression liée aux délais et à la charge de travail entament la motivation des travailleurs âgés. En raison du vieillissement de la population, la mise à l’écart des travailleurs âgés et la réduction de la durée des carrières ne sont plus viables économiquement. Face à ce constat, les systèmes de sécurité sociale et de pension des économies avancées ont été progressivement réformés pour encourager les carrières plus longues.
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